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02/09/2007

Irak: Bernard Kouchner contraint de s'excuser après un faux-pas avec Maliki

L e chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a dû s'excuser lundi pour avoir demandé la démission du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, un faux pas gênant après son déplacement à Bagdad censé marquer une nouvelle approche de Paris en Irak.

Par ailleurs, les dirigeants chiites, sunnites et kurdes d'Irak se sont engagés à relancer le processus de réconciliation nationale en acceptant de résoudre les problèmes clé qui les opposaient.

Les dirigeants ont accepté de réduire les restrictions concernant les anciens membres du parti Baas de l'ancien dictateur Saddam Hussein, d'organiser des élections régionales --une demande de Washington-- et d'aider les forces de sécurité à mettre fin à la violence.

Sur la radio française RTL, M. Kouchner a présenté ses excuses: "Si le Premier ministre (irakien) veut que je m'excuse pour avoir interféré dans les affaires irakiennes de façon aussi directe je le fais volontiers". Le ministre s'est également dit "désolé".

M. al-Maliki avait réclamé dimanche des excuses de la France, et également dénoncé la sénatrice américaine Hillary Clinton ainsi qu'un autre sénateur américain, Carl Levin, qui ont aussi réclamé son départ.

Dans des propos peu habituels de la part d'un responsable français, M. Kouchner, l'ancien "French doctor" réputé pour son franc-parler, avait estimé que "beaucoup de gens pensent que le Premier ministre devrait être changé".

"Je viens d'avoir (la secrétaire d'Etat américaine) Condoleezza (Rice) au téléphone il y a dix ou quinze minutes et je lui ai dit: +écoutez, il doit être remplacé+", a dit M. Kouchner à l'hebdomadaire américain Newsweek.

M. Kouchner évoquait même pour la succession Adel Abdel Mahdi, un des vice-présidents irakiens, qui a fait ses études en France.

"J'aurais dû dire, encore une fois et je le répète, qu'il s'agissait des propos qui étaient tenus par mes interlocuteurs que j'étais justement venu entendre", a tenté de se justifier M. Kouchner sur la radio française RTL.

"Si ça a été mal interprété, j'en suis désolé", a poursuivi M. Kouchner. "Mais encore une fois ça ne change rien aux faits. Je ne suis pas le seul qui présente quelques critiques devant un foyer de tension et des exactions quotidiennes qui indignent le monde", a-t-il toutefois ajouté.

Des propos qui rejoignent implicitement les critiques de Washington, pour qui M. Maliki est incapable d'engager une réconciliation entre chiites, sunnites et Kurdes.

Les partis sunnites ont quitté le gouvernement, ainsi que les plus radicaux des chiites. Dix-sept ministres sur 40 ont démissionné ou boycottent les réunions du gouvernement.

Source AFP: 27/8/2007

Cette polémique, quelques jours après le déplacement surprise de M. Kouchner à Bagdad, risque de brouiller la volonté de Paris d'ouvrir une nouvelle étape dans ses relations avec l'Irak.

Cette visite était la première d'un membre du gouvernement français depuis l'invasion de ce pays par les forces américaines en 2003, à laquelle la France, sous la présidence de Jacques Chirac, s'était fermement opposée.

Paris veut désormais se mettre à l'écoute des différents protagonistes de la crise irakienne et tente de se poser en "médiateur", comme l'a proposé M. Kouchner, pour aider à "asseoir un gouvernement d'union nationale aux bases solides".

La France envisage désormais d'aider la police irakienne à faire face à la violence qui sévit dans ce pays, sans toutefois y envoyer de soldats. Paris souhaite aussi une plus grande implication de l'ONU et de l'Union européenne en Irak.

M. al-Maliki, un chiite, a vivement accusé la France de se ranger du côté des partisans de l'ex-dictateur Saddam Hussein.

Auparavant, le président Talabani avait rejeté l'idée évoquée à Paris d'une conférence inter-irakienne censée rapprocher les points de vue, sur le modèle d'une réunion inter-libanaise tenue en juillet près de Paris. M. Kouchner a toutefois démenti avoir formellement présenté ce projet.

Le voyage à Bagdad de M. Kouchner, venu des rangs du parti socialiste, avait été salué comme un "boulot remarquable" par le président Nicolas Sarkozy.

Le parti socialiste a lui accusé M. Kouchner "d'amateurisme le plus complet" pour ses déclarations à Newsweek, et certaines figures de l'opposition ont dénoncé dans le voyage du chef de la diplomatie française à Bagdad un alignement de Paris sur les Etats-Unis.

25/08/2007

Qu’allons-nous faire dans cette galère ?

Un article fort intéressant publié chez Voxnr.

Pro Kurdes, le bon docteur Kouchner avait en 2002 et en 2003 appelé de ses vœux la guerre unilatérale de l’Amérique de M. Bush contre un Irak désarmé et exsangue, meurtri par douze années d’embargo. IL y a quelque mois encore, il préconisait de la même façon, avec son complice Bernard-Henri Lévi, le recours à la force pour régler la crise du Darfour. C’est ce pompier pyromane que l’Élysée dépêche aujourd’hui à Bagdad pour impliquer la France dans un conflit où elle n’a que faire. Sauf à complaire aux desiderata de la Maison-Blanche !

Nous allons prendre le relais ! Le lundi 21 août la presse française fort peu critique et par conséquence très peu lucide (elle exprime des opinions, mais lesquelles ?) est unanime pour annoncer que super-Kouchner, ministre d’un hyperprésident, en bon docteur Diafoirus au chevet de toutes les crises (Liban, Darfour, Irak maintenant) « est là [à Bagdad] pour aider les Américains à sortir du bourbier irakien… Le retour de la France en Irak est donc une nouvelle manifestation du volontarisme dont M. Sarkozy a fait la clé de son action. Le pari, en Irak, est encore plus audacieux qu'ailleurs. Mais il vaut d'être tenté (Le Monde)». Reste qu’ « Aux yeux des responsables irakiens, comme sans doute des autorités américaines et britanniques, la venue de Bernard Kouchner sonne comme une offre de services, un signal de disponibilité. À saisir » (Lacroix).

Seule fausse note, Jean-Pierre Chevènement qualifiant cette visite surprise de « voyage à Canossa ». Car en plaidant pour le renforcement du rôle de l’Onu et son retour en Irak après la mort de Sergio de Mello*, M. Kouchner entre de plein pied dans le jeu américain qui vise à se défausser sur l’Onu et ses alliés du fardeau irakien. Une façon de faire rentrer par la grande porte les ex-membres de la coalition qui s’étaient défilés les uns après les autres, Espagnols, Danois, Italiens, Polonais, Japonais… sans oublier les Canadiens qui, eux, ne sont jamais allés en Irak s’étant désolidarisés dès l’origine de cette aventure sordide. Un fait singulièrement oublié par une presse serve, particulièrement pour ce qui est des dossiers proche-orientaux. Une presse qui trouve du « panache… à cette mission impossible » laquelle confère une « vraie visibilité » - faut-il entendre par là qu’auparavant le transfuge socialiste n’était pas vraiment pris au sérieux ? - à un « M. Kouchner, défenseur de la cause kurde, un des rares politiques français à avoir souhaité le renversement de Saddam Hussein » (Le Midi Libre ). Il est aussi vrai que l’on ne saurait manquer d’établir une relation de cause à effet entre le pique-nique hamburgers/hotdogs à Wolfeboro (New Hampshire) et le voyage cheveu sur la soupe du dit ministre envoyé au charbon. Demeure une seule question : qu’allons-nous faire dans cette galère ?

En vérité, nous le savons bien ! Nous allons ramasser les plâtres et perdre ce qui nous restait du crédit patiemment acquis depuis un certain 3 juin 1967 et l’embargo sur les armes à destination du Levant décrété par De Gaulle. Un acte de courage politique annoncé dans son principe par le discours de Phnom Pen le 1er septembre 1966 et dont le dernier écho s’entendra dans l’intervention historique de Dominique de Villepin au Conseil de Sécurité le 14 février 2003 ! Maintenant, la France rentre dans le rang en redevenant le satellite qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être.

Mercredi, 22 Août 2007

Jean-Michel Vernochet

* Le brésilien Sergio Vieira de Mello trouve la mort dans l’attentat perpétré le 19 août 2003 contre l’Hôtel Canal qui abritait le QG des NU en Irak. Il faut attendre le 10 août 2007 pour que le Conseil de Sécurit décide, sous la discrète pression de la Maison-Blanche, d’un renforcement de son rôle en Irak par le truchement de sa Mission d'Assistance (MANUI). Autant dire que Washington tente de se défausser de son jeu pourri et d’internationaliser la « gestion » de la crise irakienne afin de se ménager sa propre porte de sortie.

22:21 Publié dans Amis | Lien permanent | Commentaires (0)

23/08/2007

Silence et désinformation

Sur le traité « simplifié » :


Il peut arriver à Nicolas Sarkozy d'avoir de bonnes idées : revaloriser le rôle du Parlement, excessivement abaissé dans nos institutions, ou encore revoir la « gouvernance » des universités, aujourd'hui frappée de débilité. Mais sur un point essentiel, Nicolas Sarkozy s'est révélé incapable de desserrer les contraintes européennes. Dans le projet de traité baptisé par antiphrase « simplifié », il a fait toutes les concessions : Haut représentant pour la politique extérieure, Charte des droits fondamentaux d'essence fédéraliste, qui va donner d'immenses pouvoirs à la Cour de Justice de l'Union européenne, pondération des votes au Conseil par la démographie, rompant ainsi la parité entre l'Allemagne, la France et les autres « grands pays ».

En échange de ces concessions, quelle contrepartie a-t-il obtenu, sur le gouvernement économique de la zone euro, par exemple ? Rien ! A la timide demande exprimée par Jean-Pierre Jouyet d'une discussion de la politique de change par les gouvernements, avec quelle hauteur M. Trichet n'a-t-il pas répondu ! Sur ce sujet capital, le silence quand ce n'est pas la désinformation règnent en maîtres.

On nous explique ainsi dans la presse que les bénéfices des entreprises françaises explosent, et que, par conséquent, elles n'ont pas besoin d'un euro plus faible. Ces commentateurs oublient de rappeler que nos entreprises font, pour l'essentiel, leurs bénéfices à l'étranger. Le monde du travail en France est le grand oublié… Mais au bout du chemin, il se rappellera au bon souvenir de ces messieurs… et de M. Sarkozy, s'il ne fait rien.

Mercredi 01 Août 2007
Jean-Pierre Chevènement

22/08/2007

Clément contredit Sarkozy

Après les déclarations spectaculaires de Sarkozy sur l'affaire Evrard, Pascal Clément l'ancien garde des sceaux a fait une mise au point chez nos confrères de LCI.

LCI.fr : Que pensez-vous du débat actuel sur la lutte contre la pédophilie, après l'affaire de Roubaix ? N'a-t-on pas pu agir plus tôt ?

Pascal Clément, ancien garde des Scedaux : J'ai présidé en 2004 une mission d'information sur la récidive et rédigé avec mon collègue aujourd'hui décédé Gérard Léonard un rapport qui contenait les propositions telles que l'hôpital psychiatrique, les traitements hormonaux, le bracelet électronique, etc... Dans ma loi sur la récidive votée en 2005, le port de ce bracelet électronique a été instauré pour les délinquants sexuels. Mais j'ai buté sur le point juridique suivant : je souhaitais qu'il soit porté par l'ancien détenu après sa période de détention, et non pas seulement pendant la période des remises de peine. J'ai alors dit que cela risquait d'être inconstitutionnel (risque d'une double peine, ndlr), tout comme l'application rétroactive du bracelet pour les personnes condamnées avant la promulgation de la loi. Mais je pensais qu'il fallait prendre ce risque sinon cette loi ne s'appliquerait pas au stock de détenus.

Or que s'est-il passé ? Immédiatement, le président du Conseil constitutionnel de l'époque Pierre Mazeaud, la gauche et toute la presse me sont tombés dessus sur le thème : c'est un scandale que le garde des Sceaux ose déposer une loi qui pourrait être inconstitutionnelle. Je n'ai été soutenu par personne, y compris par le ministre de l'Intérieur de l'époque (Nicolas Sarkozy, ndlr). J'ai donc été obligé d'encadrer très fortement la loi sur le plan constitutionnel. Si j'avais été aidé à l'époque, on serait allé plus loin mais on m'a empêché de prendre le risque.

(.....)* Je renvoie à ma loi de 2005 qui a prouvé les difficultés de l'exercice, sur le terrain constitutionnel.

LCI.fr : Quel est votre sentiment après les annonces de Nicolas Sarkozy, notamment l'examen obligatoire par un collège de médecins des pédophiles avant leur sortie de prison ?

Que le président de la République cherche à trouver des solutions, je ne peux que m'en réjouir, très sincèrement. Mais on ne peut pas régler à coups de serpe les problèmes en durcissant les choses. C'est beaucoup, beaucoup plus compliqué. Je renvoie à ma loi de 2005 qui a prouvé les difficultés de l'exercice sur le plan constitutionnel.

Or, avec les mesures annoncées lundi, on a la même situation en pire. Que ce soit le suivi socio-judiciaire et sa rétroactivité, la distinction entre deux sortes de détenus avec les délinquants sexuels qui ne bénéficieraient plus de remise de peines, ou encore la commission de médecins qui devrait estimer la probabilité de récidive de tel ou tel individu. Et l'enfermement en hôpital psychiatrique sera-t-il considéré par le juge comme une deuxième peine ? Ce n'est pas pour contester l'effort du président de la République mais étant celui qui en France a sûrement le plus travaillé sur ce sujet depuis trois ans, je peux constater que la vraie difficulté, elle, est constitutionnelle.

Les annonces de Nicolas Sarkozy sont schématiques, au sens où l'on ne peut pas les reprendre telles quel. Il faut les travailler pour les rendre juridiquement les plus constitutionnelles possibles. Cela va demander un effort des juristes de la Chancellerie et du Parlement. Il y aura probablement saisine du Conseil constitutionnel et nous verrons bien ce qu'il dira. Je suis plutôt sceptique. Mais lorsque j'ai tenu ces propos il y a deux ans, cela avait provoqué un scandale. On aurait pu aller plus vite à l'époque

LCI.fr : La prison n'est-elle pas tout simplement inadaptée aux délinquants sexuels ?

Le viol est un crime et comme tout crime, il doit être puni par de la prison. En revanche, cette sanction permet-elle la rémission ? Evidemment non. On sait qu'il n'y a pas assez de suivi psychiatrique et sanitaire en prison, notamment pour les délinquants sexuels. Pourquoi ? Le nombre de psychiatres en France est faible. Pourquoi n'y a-t-il pas plus d'internes en psychiatrie chaque année ? Je n'ai pas eu la réponse à cette question. Il faut le demander au ministère de la Santé. Dans ma loi sur la récidive, j'ai donc permis à des psychologues de se substituer aux psychiatres pour assurer le suivi mais les services sociaux en prison manquent totalement de collaborateurs. Donc pour être efficace, le suivi socio-judiciaire à l'intérieur des prisons demande plus de moyens.

LCI.fr : La création d'hôpitaux psychiatriques est-elle une bonne décision ?

C'est une excellente chose. C'était dans mon rapport de mission d'information sur la récidive. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait retenu cette idée et avait décidé de la mise en œuvre. Mais faute de budget, il n'y a pas eu de suite.

Qu'il faille faire ce genre d'hôpitaux psychiatriques est une évidence pour la raison suivante : environ 30% de la détention relève en France de la psychiatrie. Or, il est très difficile pour les surveillants de gérer à la fois les détenus "normaux" et ceux qui relèvent de la psychiatrie. Il serait bon de faire quitter les cas les plus lourds des prisons pour des centres spécialisés. Mais réserver ces hôpitaux psychiatriques au seul enfermement pour délinquants sexuels est problématique. Ce sera de la prison à vie et je me demande comment cela sera possible. Il faudra des traitements et des calmants considérables et honnêtement, je ne suis pas sûr que l'on se rende bien compte de la difficulté de l'exercice d'un point de vue humanitaire.

LCI.fr : Que pensez-vous de l'examen des pédophiles en fin de peine par une commission de médecins ?

Mettez-vous à la place d'un médecin de cette commission, sur quoi vont-ils se fonder pour décider ? Généralement, les délinquants sexuels sont des individus très intelligents et des détenus "exemplaires". Autrement dit, après 15 ou 20 ans de prison, rien ne laisse à penser que tel ou tel peut plus récidiver qu'un autre. La commission n'aura pas d'éléments scientifiques pour la décision. En affinant les choses, c'est très compliqué.

LCI.fr : La castration chimique est-elle efficace ?

Oui, quelques détenus réclament eux-mêmes la castration chimique à leur sortie de prison. Elle n'est pas permanente puisque ce sont des vaccins qui font effet trois mois et qui sont renouvelables. Mais là encore, aujourd'hui, ni le juge, ni le médecin ne peuvent imposer ce traitement. Si le criminel refuse, vous ne pouvez rien faire. C'est une autre difficulté constitutionnelle.

LCI.fr : L'ancienne ministre de la Justice Elisabeth Guigou réclame l'ouverture d'une commission d'enquête sur l'application des lois sur la délinquance sexuelle, y êtes-vous favorable ?

Qu'elle lise mon rapport sur la mission d'information sur la récidive, il est fort intéressant. D'autre part, c'est maintenant un travail de commission qui est devant nous et non d'enquête. Il ne s'agit pas de venir faire témoigner des gens sous serment. Les circonstances de cette affaire Evrard sont connues. Je ne vois pas l'intérêt d'une commission d'enquête. En revanche, un travail approfondi de la commission des Lois de l'Assemblée et du Sénat me paraît indispensable pour trouver les solutions juridiques.

*Incisif a coupé ce qu'il estimait un doublon.

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20/08/2007

OMC : la France accuse Peter Mandelson d'outrepasser son mandat

Une nouvelle qui était passée inaperçue lors de la campagne et dont il n'est pas interdit de se rappeler

LEMONDE.FR avec AFP | 29.01.07

La France a douché, lundi 29 janvier, les espoirs d'une relance des négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en accusant le commissaire européen au commerce, Peter Mandelson, d'avoir outrepassé son mandat sur la réduction des droits agricoles la semaine dernière à Davos, en Suisse.
Selon le ministre de l'agriculture français, Dominique Bussereau, M. Mandelson "a fait circuler des textes", s'est livré à "des confidences publiques ou semi-publiques (...) sans que les Etats [membres de l'UE] soient au courant".. "C'est une méthode de travail tout à fait inacceptable", a-t-il indiqué, lundi, à l'occasion d'une réunion des ministres européens de l'agriculture. Peter Mandelson "a eu pour le moins un comportement agité à Davos", a-t-il commenté.
Les grands acteurs du commerce mondial, parmi lesquels les Etats-Unis, l'Union européenne et de grands pays émergents comme l'Inde ou le Brésil, ont décidé, samedi, en marge du Forum économique mondial de Davos de relancer les négociations du cycle de Doha, au point mort depuis le mois de juillet. Les pays émergents réclament un meilleur accès de leurs produits agricoles dans les pays riches, qui veulent, en retour, leur vendre davantage de produits industriels et de services.

ACCÉDER AUX REVENDICATIONS DES PAYS ÉMERGENTS AURAIT "DES EFFETS DRAMATIQUES"
M. Mandelson, qui mène les négociations pour l'UE, a réaffirmé vouloir réduire de moitié les droits de douane sur les produits agricoles, mais la France s'y oppose. M. Bussereau a rappelé que le mandat confié à M. Mandelson limitait la baisse à 39 %. "Toute autre offre serait hors mandat", a-t-il répété. Accéder aux revendications du G20, groupe de 23 pays émergents, entraînerait "un effondrement de la production de viande européenne, des effets dramatiques sur les céréales, et en Europe une baisse de 20 à 25 % du revenu agricole et la perte de 500 000 emplois dans le secteur agro-alimentaire", a mis en garde le ministre français.
Le commissaire européen au commerce s'est refusé, par la voix de son porte-parole, à commenter "les spéculations ou les rumeurs" et a souligné qu'il allait continuer à négocier "dans les limites du mandat". Dominique Bussereau a pour sa part réfuté tout lien entre cette prise de position et la prochaine tenue des élections présidentielle et législatives au printemps en France. "Nous ne défendons pas cette position parce que nous sommes en période pré-électorale, mais parce qu'on l'a toujours défendue", a-t-il déclaré, rappelant que la France était "la première puissance agricole européenne, le deuxième exportateur mondial", et que "14 % des emplois en France dépendent du secteur agricole".