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02/11/2007

«Le nouveau traité est inacceptable pour quelqu'un de gauche»

Jean-Luc Mélenchon, qui avait appelé à voter "non" en 2005, est un des rares socialistes à se prononcer vigoureusement contre le mini-traité de Lisbonne.

Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essonne et représentant de l'aile gauche du PS, est l'un des rares socialistes à se prononcer vigoureusement pour un refus, par son parti, du traité de Lisbonne.

Pourquoi vous opposez vous à ce nouveau traité?
-Le contenu du texte est exactement le même que le précédent, à l'exception des dispositions qui choquaient les nationalistes, comme le drapeau ou l'hymne, qui ont été retirées. De plus, il comporte deux points essentiels et inacceptables pour quelqu'un de gauche: l'harmonisation fiscale et sociale est interdite par le nouveau texte. Toute stratégie de construction de l'Europe sociale est définitivement mise en pièce. C'est pourquoi il faut le repousser.

Les partisans du non, au sein du PS, ne semblent pas en position de force...
-Leur position n'est pas définitivement arrêtée. J'ai bon espoir qu'ils se rendront compte de l'indignation que provoque, devant l'opinion de gauche, cette volte-face.

Le débat sur le recours au référendum, qui n'aura à l'arrivée pas lieu, n'est-il pas une fausse question?
-La méthode est essentielle. On n'a de cesse de déplorer que l'Europe ne se construit pas avec les peuples. C'est pourquoi la question du recours au référendum est si importante. Tous les candidats de gauche s'étaient engagés sur l'idée qu'il fallait en passer par un référendum. Or le président Sarkozy ne dispose pas de la majorité des trois cinquièmes des voix au Congrès pour obtenir une réforme de la Constitution par voie parlementaire. Il suffit donc de bloquer la révision de la Constitution française, qui est nécessaire avant l'adoption du nouveau traité. Le PS doit se mobiliser pour tenir ses promesses.

Considérez-vous que les socialistes ne les tiennent pas?
-La candidate Ségolène Royal s'était engagée personnellement sur ce point du référendum. Aujourd'hui, il est temps de commencer la rénovation en tenant parole plutôt qu'en s'abandonnant à des petits jeux tactiques. La question du traité n'est pas une question qu'on règle comme une difficulté interne au parti, par le rapport de forces entre courant et sous-courants. Je déplorerai qu'on termine par une abstention de circonstance sans qu'on connaisse véritablement la position du PS sur le contenu du texte. On a l'impression que nous cherchons à nous débarasser d'un problème plutôt que d'affronter une grande question devant l'opinion.

Le traité peut-il faire ressurgir, au sein du parti socialiste, les divisions du référendum?
-C'est possible. Mais ce n'est pas le remords ou la vengeance qui doit nous guider, mais la raison. Et celle-ci doit nous conduire à nous demander sérieusement pourquoi les Français ont voté non. Ceux qui prennent le risque de la division sont ceux qui s'entêtent. Ceux qui, à peine l'encre de la signature posée sur le texte, ont immédiatement affirmé qu'ils étaient d'accord, sans même l'avoir lu.

Recueilli par David Revault d'Allonnes
LIBERATION.FR : jeudi 25 octobre 2007

Même si nous partageons l'idée de monsieur Mélenchon, Incisif considère qu'il n'est pas nécessaire d'être de gauche pour être contre ce traité. Il suffit d'être un patriote sincère.

11:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

01/11/2007

Tuerie à Grenoble

Au sujet de la tuerie d'hier survenue à Grenoble, un pet it rappel au sujet de la tuerie précédente s'avère nécessaire.


Le milieu maghrébin local est entré dans un cycle de vendetta à la façon des Italo-Grenoblois des années 1980. La PJ redoute l'escalade.


LE « TUYAU » vient tout juste de remonter via un indicateur : un proche de l'une des victimes du règlement de comptes qui a fait trois morts, le 24 février dernier, à Sassenage (Isère), dans la banlieue grenobloise, recrute actuellement pour laver l'honneur de son clan. Depuis quelques semaines, une folie meurtrière s'est emparée du milieu local de la drogue, avec déjà quatre morts et deux blessés graves. Les familles des trafiquants se murent dans le silence, craignant pour leurs enfants, les frères ruminent leur vengeance.


Et la PJ chargée de l'enquête s'attend à un nouveau bain de sang. Les voyous qui s'écharpent n'ont apparemment aucun lien avec la pègre italo-grenobloise des origines qui se disputait le contrôle de la prostitution et des jeux, recyclant le fruit de ses rackets dans des pizzerias et des bars du centre-ville. Ceux qui se battent aujourd'hui ne fréquentent pas, comme leurs grands aînés, la tribune officielle des stades. Ils n'épousent pas leurs avocates, n'investissent pas dans l'immobilier. « Âgés de 20 ans pour la plupart, ils n'obéissent à aucune hiérarchie, aucun code, et ne connaissent aucune limite », s'in quiète un officier des stups. Il s'agit de petits caïds des cités grenobloises : celles des communes de Fontaine notamment et de La Villeneuve, bâties à la hâte à la grande époque des Jeux olympiques d'hiver de 1968.

Ces jeunes, d'origine maghrébine principalement, sont soupçonnés d'animer le marché local du cannabis. Armés parfois de fusils d'assaut pour mener leurs raids, ils circulent ces temps-ci en ville protégés de gilet pare-balles, la peur au ventre, mais déterminés. L'un d'eux avait commencé sa carrière de tueur présumé à 19 ans.


Faux policiers et kalachnikovs

« La guerre peut durer aussi longtemps qu'il y aura des combattants », pronostique Daniel Chomette, le secrétaire départemental de l'Unsa-police (syndicat majoritaire). Ils seraient, selon ses collègues, au moins une dizaine capables d'appuyer sur la détente. « Un camp peut aussi demander aux beaux mecs de Corse ou de la Côte d'Azur d'intervenir, à moins que les parrains du Sud-Est ne s'autosaississent », lâche le major Chomette. En mai 2004 puis à l'été 2006, d'étranges visiteurs à l'accent corse armés de 11,43 avaient déjà fait parler la poudre à Grenoble. Étaient-ils venus asseoir leur in fluence sur le milieu local ou exécuter un contrat pour son compte ?

La police qualifie, en tout cas, le triple assassinat du 24 février à Sassenage de « travail de pro ». Ce jour-là, en réplique à une fusillade à la kalachnikov treize jours plus tôt à Fontaine, les tueurs n'ont pas hésité à se faire passer pour des policiers.

À bord d'une Citroën Xsara grise, un gyrophare sur le toit, ils ont d'abord percuté la R 21 de leurs victimes avant de les abattre un à un à la chevrotine. Les traces du choc sont encore visibles sur le poteau d'entrée du garage où la Renault s'est encastrée. Autour, quelques bouquets de roses laissés par les familles endeuillées. Medhi M'Ssalaoui, 22 ans, la cible principale de cette expédition, venait de sortir de prison, « blanchi » pour le meurtre d'un dealer commis en 2003. L'affaire serait le point de départ de cette guerre. « Ces gosses pourtant, on les a eus comme élèves il y a quelques années et ils n'étaient pas si terribles », se souvient-on au collège de Fontaine où M'Ssalaoui et ses frères étaient scolarisés. « Le problème, c'est la drogue », assurent les enseignants.

Dans ces quartiers en crise, le marché des stups suscite d'énormes appétits. Selon le sociologue grenoblois Sébastien Roché, « la consommation de cannabis a augmenté de 30 % en deux ans ». Il en faut aujourd'hui près de 10 tonnes par an pour alimenter la région, avec ses 300 000 habitants et ses 60 000 étudiants du campus universitaire. « Pour les trafiquants, le gâteau à se partager est de 40 000 euros par jour ! », constate, effaré, un commandant de police. Les saisies de cocaïne augmentent également. Parallèlement, le crime pur et dur progresse en Isère : vols avec armes à feux (+ 38 %) en 2006, menaces et chantages (+ 17 %), ports d'armes à feu prohibées (+ 50 %), séquestrations (+ 137 %).

« Tout cela peut paraître éloigné des frasques de la pègre d'antan, mais qui sait si la culture de vendetta des Italo-Grenoblois n'a pas influencé certains jeunes issus d'une autre immigration ? », se demande un commissaire de police. Depuis 1975, à Grenoble, 45 personnes ont trépassé dans la guerre du milieu, 13 ont été la cible de tentatives de meurtre et 6 ont disparu, « probablement dissoutes dans l'acide ou lestées au fond d'un lac », suppose un homme de la PJ. Aucune autre ville de province, en dehors de Marseille et de sa région, n'a connu une telle violence. Et la police s'active pour empêcher un nouveau carnage.

Cet article a été publié dans le Figaro mais je n'en ai plus la référence.

12:11 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

30/10/2007

Emmanuel Todd : « Kouchner est passé de Médecins du monde à Militaires sans frontières »

"Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti" (Albert Camus)

Avec un peu de retard, un entretien digne d'intérêt.


Emmanuel Todd vient de publier, avec Youssef Courbage, un ouvrage, Le rendez-vous des civilisations (1), qui tord le cou à la thèse du choc des civilisations. Pour ces deux démographes, la montée de l'islam radical n'est que l'un des signes, nombreux, de la modernisation du monde musulman dont l'aspect démographique est d'ailleurs le plus éclatant. Les sociétés du monde musulman sont entrées dans une transition démographique qui voit progresser l'alphabétisation des hommes puis des femmes, avant que le nombre d'enfants par femme se rapproche de celui de l'occident. Tout cela évoque selon eux une montée de l'individualisme dans ces sociétés. L'analyse démographique les conduit ainsi à rejeter l'idée d'une différence de nature entre les sociétés anciennement chrétiennes et les sociétés musulmanes.
Que penser de la déclaration musclée de Bernard Kouchner sur l'Iran?

Emmnuel Todd : Son intervention ravive une interrogation personnelle qui date de la guerre d'Irak, où il s'était déjà prononcé en faveur de l'intervention américaine : quelle peut être la psychologie d'un médecin qui manifeste une préférence stable pour la guerre ? Nous passons trop vite de Médecins du monde à « Militaires sans frontières ».

Plus sérieusement Bernard Kouchner n'a fait qu'exprimer maladroitement la ligne Sarkozy, qui de fait est la ligne de Washington. Avant la présidentielle, j'avais suggéré que les Américains attendaient l'élection de Nicolas Sarkozy pour s'attaquer à l'Iran.

Le Quai d'Orsay propose une autre lecture de cette déclaration : il ne s'agirait pas, en fait, de menacer l'Iran mais de montrer à ses dirigeants actuels le coup économique de leur refus d'obtempérer aux recommandations de la communauté internationale.

On peut dire ce qu'on veut, mais le mot guerre a été prononcé, et le Quai d'Orsay apprendra d'autres nouvelles par la presse.

L'Iran inquiète davantage certains observateurs que l'Irak avant l'intervention américaine. 

La question de l'Iran se présente sous la forme d'un flot d'images et de faits difficiles à interpréter vu de France. Il y a les propos absurdes du président Ahmadinejad, les images de femmes couvertes de noir, et l'islamophobie ambiante. Tout cela masque la réalité profonde de l'Iran : une société en développement culturel rapide, dans laquelle les femmes sont plus nombreuses que les hommes à l'université, un pays dans lequel la révolution démographique a ramené le nombre d'enfants par femme à deux, comme en France ou aux Etats-unis. L'Iran est en train de donner naissance à une démocratie pluraliste. C'est un pays où, certes, tout le monde ne peut pas se présenter aux élections, mais où l'on vote régulièrement et où les basculements d'opinion et de majorité sont fréquents. Comme la France, l'Angleterre ou les Etats-unis, l'Iran a vécu une révolution qui se stabilise et où un tempérament démocratique s'épanouit. 

Tout cela est à mettre en rapport avec une matrice religieuse dans laquelle la variante chiite de l'islam valorise l'interprétation, le débat et, éventuellement, la révolte.

Pour un simple observateur occidental, l'assimilation du chiisme au protestantisme n'est pas une évidence qui tombe sous le sens.

Il serait absurde de pousser à l'extrême la comparaison. Mais il est clair que de même que le protestantisme a été, dans l'histoire européenne, un accélérateur de progrès et le catholicisme un frein, le chiisme apporte aujourd'hui une contribution positive au développement, notamment dans le domaine du contrôle des naissances : l'Azerbaïdjan, certes postcommuniste, mais également chiite, est à 1,7 de taux de fécondité, les régions alaouites de Syrie rattachées au chiisme, ont terminé leur transition démographique contrairement aux régions majoritairement sunnites. Au Liban, la communauté chiite, base sociale du Hezbollah, était en retard sur le plan éducatif et social, mais elle est en train de rattraper les autres communautés, comme on le voit dans l'évolution du taux de fécondité.

L'Iran est aussi une très grande nation qui manifeste une conscience réaliste de ses intérêts stratégiques dans une région où la majorité de ses voisins possède l'arme nucléaire : le Pakistan, l'Irak et l'Afganistan (via la présence de l'armée américaine), Isräel. Dans ce contexte, l'attitude européenne raisonnable serait d'accompagner l'Iran dans sa transition libérale et démocratique et de comprendre ses préoccupations de sécurité.

Dans votre livre, vous faites l'hypothèse tout à fait surprenante d'une possible laïcisation des sociétés musulmanes.

Dans la mesure où dans les mondes catholique, protestant, orthodoxe et bouddhiste, la baisse de la fécondité a toujours été précédée d'un affaiblissement de la pratique religieuse, on doit se demander si des pays musulmans dans lesquels le nombre d'enfants par femme est égal ou inférieur à 2 ne sont pas en train de vivre aussi, à notre insu – et peut-être même à l'insu de leurs dirigeants – un processus de laïcisation. C'est le cas de l'Iran.

Pourquoi les Américains et Sarkozy ont-ils adopté cette stratégie de confrontation avec l'Iran ?

Les services diplomatiques américains sont parfaitement au fait de la réalité iranienne, de la montée de la démocratie et de la modernisation du pays. Mais ils veulent abattre une puissance régionale qui menace leur contrôle de la zone pétrolière. C'est un pur cynisme utilisant l'incompréhension actuelle du monde musulman. Dans le cas de Sarkozy, je pencherais plus pour l'idée d'incompétence ou de sincère ignorance, qui le conduit néanmoins à amorcer une politique extérieure contraire à la morale et à l'intérêt de la France.

D'éventuelles sanctions économiques françaises contre l'Iran feraient rire les Américains qui n'ont plus d'intérêts dans ce pays, et sourire les Allemands, qui ont comme nous en ont beaucoup, mais semblent pour le moment plus réalistes.

(1) Le rendez-vous des civilisations, Emmanuel Todd et Youssef Courbage, Le Seuil, 2007
 
 Lundi 17 Septembre 2007 - 17:11

00:10 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3)

29/10/2007

« Le roi Charles X et l’Algérie française »

Le Centre Lesdiguières vous convie le mercredi 31 octobre 2007 à une conférence de Monsieur Roland Courtinat :
« Le roi Charles X et l’Algérie française ». Eclairer l’histoire…

Roland Courtinat
Il s’agit de la deuxième soirée de la saison 2007-2008 qui se tiendra dans les salons de l’Hôtel de Ville de Corenc (38700) et débutera à 19 heures précises.

A cette occasion, après l’accueil par Jean Némoz-Rajot, Président de « Génération Libérale », vous pourrez entendre la chronique du Docteur Michel Marthouret sur « ce qui se voit et ce qui ne voit pas »…

La conférence de Roland Courtinat suivra, et vous aurez ensuite la possibilité de dîner avec les orateurs (23 euros, vin compris).

« Le roi Charles X et l’Algérie française »

Une aventure au cours de laquelle des hommes d’exception se sont affrontés et une belle journée du mois de mai 2006 où deux hommes d’exception se sont rencontrés.


Tout aurait commencé par un coup d’éventail…

Roland Courtinat est l’auteur de « La piraterie barbaresque en Méditerranée : XVIe-XIXe siècle », « De Metz à Alger- Itinéraire d’un soldat lorrain de l’armée d’Afrique 1845-1847», « Chroniques pour servir et remettre à l'endroit l'histoire du Maghreb »


Bonne soirée à tous.

26/10/2007

Le traité européen «est un viol politique»

Déjà pourfendeur du projet de Constitution européenne rejeté par les français en 2005, l'économiste et professeur d'informatique dénonce violemment le nouveau traité de Lisbonne. Une copie conforme du texte précédent, estime-t-il.
François VIGNAL

LIBERATION.FR : lundi 22 octobre 2007
Etienne Chouard s'était fait connaître en 2005 grâce à son site internet qui décortiquait et dénonçait la Constitution européenne. Il revient aujourd’hui à la charge contre le nouveau traité européen de Lisbonne. Pour ce professeur d’économie, de droit et d’informatique d’un lycée du sud de la France, il s’agit sur le fond de la même Constitution, pourtant rejetée par les Français et les Hollandais. Et appelle à la combattre. Entretien.
Le nouveau traité européen a été adopté vendredi à Lisbonne. Ce texte ressemble-t-il à la Constitution rejetée en 2005 ?
Ce n’est pas une version édulcorée, c’est la même version et je la combats violemment. On a retiré trois détails sans importance : le drapeau, l’hymne, la référence à la monnaie, le mot Constitution, comme si le fait de retirer l’étiquette retirait le danger. Et puis on nous impose par voie parlementaire ce qu’on vient de refuser par référendum. Pour moi, c’est un viol. Un viol politique, c’est une cause de guerre civile. Et les journalistes qui défendent cela sont subordonnés. Ils ne font pas leur boulot de journaliste.
Pour vous, un nouveau référendum est un minimum ?
Oui, ça me paraît évident, pour cinq raisons. Parce que sur le fond, tout ce qui est dangereux est là : la confusion des pouvoirs dans les mains de l’exécutif, avec les «procédures législatives spéciales» ou les «actes non législatifs». Le Parlement ne les contrôle pas et ce sont des normes obligatoires qui s’appliquent à tout le monde. C’est incroyable. Et cela peut concerner la concurrence, le marché intérieur, la circulation de capitaux, des choses très importantes, qui sont hors contrôle !
Deuxième point : la dépendance des juges européens vis-à-vis de l’exécutif pour leur carrière. Ils sont nommés pour six ans par les gouvernements, et renouvelables. Dans les démocraties, ça ne se fait pas comme ça. L’indépendance des magistrats est l’un des fondements de la démocratie.

Troisièmement : l’article 104 de Maastricht, c’est-à-dire l’interdiction pour les Etats de créer la monnaie. On est fou d’accepter ça. Les Etats l’ont accepté à Maastricht, c’est toujours là aujourd’hui. Maintenant, ils doivent s’endetter quand ils ont besoin d’argent et payer un intérêt aux banques. Mais on est fou ! C’est contraire à l’intérêt général. La souveraineté politique dépend de la souveraineté monétaire. Si vous l’abandonnée, vous avez tout perdu.
Autre point : la révision de la Constitution. Elle se fait sans les peuples.
Et enfin, dans cette Constitution, aucun organe n’est responsable de ses actes. A part la motion de censure, qui est théorique, parce qu’à la majorité des 2/3, il n’y a pas de mécanisme de responsabilité. Le Conseil des ministres, le Conseil européen, le Parlement ne peuvent être renversés ou dissous par personne. La Banque centrale n’a de compte à rendre à personne. Mais qui est responsable de ses actes là-dedans ?
L’article sur la concurrence libre et non-faussée ne figure plus dans le traité. Mais dans les annexes sur les dispositions pour le marché intérieur, il est toujours dit que la concurrence doit être non-faussée. Pensez-vous que les gouvernements veulent contourner les «non» français et hollandais ?
Ils ne les contournent pas, ils les violent. Ils ont retiré le mot Constitution et la partie III. Mais en réalité, elle est encore en œuvre. C’est le royaume de l’hypocrisie. C’est de la violence.
Pensez-vous que la chancelière allemande Angela Merckel a pris l’ascendant sur Nicolas Sarkozy ?
Non, pour moi, ils sont en collusion parfaite. Ils ont convenu du jeu que Sarkozy allait jouer. Il a dit du mal d’eux, mais il sait très bien qu’il ne peut rien faire. Il n’a qu’une envie, c’est de passer son traité en force, comme les autres dirigeants européens.
La contestation peut-elle monter, notamment par Internet, comme en 2005 ?
Ça dépend des journalistes. En 2005, il a pu y avoir une contestation car il y avait une perspective, un référendum. Mais si les gens qui vous gouvernent ont décidé de vous violer, c’est-à-dire de ne plus vous demander votre avis, de remettre le bâillon à la victime, eh bien elle ne peut plus crier. On ne nous demande plus notre avis, là. Pourquoi les gens se mobiliseraient dans ce cas ? Les visites sur mon site n’ont pas augmenté pour le moment. Mais je compte sur les journalistes pour être les sentinelles du peuple et l’alerter.

Etienne Chouard

21:20 Publié dans Amis | Lien permanent | Commentaires (0)