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15/05/2008

Les dirigeants européens assurent leur fin de carrière








" Il serait judicieux de renoncer à tout ce qui pourrait être interprété comme une tendance à encercler et à contenir la Russie. Or, c'est précisément ainsi que l'on peut considérer l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN ".

C'est ce qu'a déclaré l'ancien Chancelier allemand à l'agence de presse Novosti. Ainsi, Gerhard Schröder vient de refaire parler de lui de façon spectaculaire. Du moins en Russie car chez nous, les médias font silence sur l’affaire.



Après ce pavé dans la mare, M. Schröder a assuré que de nombreux autres membres de l'Alliance atlantique voient d’ailleurs d'un mauvais oeil l'intégration de ces deux pays au sein de l'OTAN. " Je partage leur avis ", a indiqué l'ancien chancelier, ajoutant que la majorité de la population ukrainienne s'opposait à l'entrée de son pays dans l'OTAN. " Quant à la Géorgie, sa politique intérieure ne manque pas de susciter des doutes. En outre, il faut se garder d'apporter à l'OTAN les conflits non réglés en Géorgie et dans son voisinage ", a –t-il conclu.

Gerhard Schröder lève le coin du voile : Construction européenne et OTAN sont les deux volets du même encerclement stratégique conçu à Washington
Si l’ancien chancelier allemand a lancé de pareils pavés dans la mare lors de l’interview à l’agence Novosti, c'est d’abord parce que la question se pose en effet. Lors du sommet de l'OTAN début avril à Bucarest, il a été décidé de remettre à décembre prochain l'intégration de la Géorgie et de l'Ukraine au " Plan d'action pour l'adhésion à l'Alliance atlantique ". Mais ce n'est que partie remise car les Américains exigent cette entrée et le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a d'ores et déjà confirmé que la Géorgie et l'Ukraine seront admises au sein de l'Alliance. La timide opposition manifestée par l’Allemagne et la France relève probablement du registre de la propagande scénographique, pour faire croire aux populations, une fois la décision prise, que le point de vue " européen " a été dûment pris en compte. Les Américains sont champions pour bâtir des oppositions de complaisance qui permettent de verrouiller tout débat, la chose est connue.

A vrai dire, l’analyse de Gerhard Schröder n'a rien d’une stupéfiante révélation. Quiconque s’intéresse un tant soit peu à la géopolitique américaine sait que Washington a prévu et organisé de longue date la construction européenne et l’OTAN comme les deux faces d’une même médaille, destinées à transformer le continent européen comme un " glacis américain " visant à encercler la Russie et à la repousser dans ses derniers retranchements. Avec pour mission connexe celle de surveiller et d’intervenir au Proche et au Moyen Orient, et notamment de mettre la main sur les ressources énergétiques.

L’élargissement de l’OTAN puis celui de l’Union dite " européenne " aux pays de l’est ne fut ainsi qu’une étape dans ce processus qui se poursuit désormais en direction de l’Ukraine, des pays issus de la Yougoslavie et des pays du Caucase. Ceux qui auraient encore quelque illusion en la matière liront avec profit le livre intitulé " Le Grand Echiquier ", paru en 1997 et écrit par Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller du Président Carter pour les questions internationales, qui décrit minutieusement ce processus d’encerclement.
Gerhard Schröder brise un tabou parce que ses nouveaux employeurs sont russes.

Ce qui est nouveau en revanche, c'est qu’un ancien grand dirigeant de l’Europe de l’Ouest fasse une telle déclaration. Elle brise l'un des plus grands tabous politiques de notre époque car elle montre crûment que les dirigeants ouest-européens savent parfaitement ce qui se passe, et qu'il y consentent, toute honte bue, par simple souci de carrière personnelle.

Car si Gerhard Schröder dit à haute voix ce que les Anthony Blair, Gordon Brown, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et autre Zapatero savent tout bas mais cachent à leurs opinions publiques, c'est tout bonnement parce que ce sont les Russes qui assurent désormais le train de vie de l’ancien Chancelier allemand.

Celui-ci est en effet président de Nord-Stream, le consortium germano-russe qui pilote le projet de gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique. Ce projet, dont le tracé contourne savamment les pays baltes, la Biélorussie et la Pologne, permet à Berlin de traiter directement avec Moscou de ses approvisionnements énergétiques, en se passant avec un cynisme consommé du regard " amical " de la Commission européenne et des Etats-membres de l’est européen.

Dis-moi qui te paye, je saurai ce que tu vas dire sur la " construction européenne " et sur l’OTAN

Une observation fine de la scène politique en Europe permet de confirmer le phénomène intéressant que vient de révéler de façon fracassante la déclaration de Gerhard Schhröder. A savoir que les analyses géopolitiques des dirigeants européens varient, non pas selon le souci de la justice internationale et de la paix mondiale, non pas non plus selon les légitimes intérêts de leurs peuples qu'ils sont censés défendre et protéger, mais bien plus sordidement… selon leur employeur du moment.

Ainsi, Gerhard Schröder s'est-il montré un farouche euro-atlantiste lorsqu’il était au pouvoir, allant même jusqu’à signer une " Alliance germano-américaine pour le XXIe siècle " le 27 février 2004. Il est vrai qu'il devait composer à l’époque avec la Commission européenne et les médias occidentaux, lieux où les services d’influence américains sont tellement puissants qu’ils peuvent briser une carrière de dirigeant politique.

Mais maintenant que Schröder est " passé à l’est ", changement de décor : voilà qu’il se met à dénoncer à mots pas même couverts ce qu’il soutenait lorsqu’il était à la Chancellerie, en dévoilant une toute petite partie des craintes que lui inspire, comme à tous ses collègues, l’encerclement impérial et belliciste que les Etats-Unis mettent en œuvre.
Pendant ce temps, son ancien ministre des affaires étrangères, Joseph Fischer, garde quant à lui bouche cousue. Car cet ancien anarchiste d’extrême-gauche est désormais grassement employé par l’Université américaine de Princeton où il est censé " enseigner ". Belle fin de carrière, en termes pécuniaires s’entend, pour cet ancien chauffeur de taxi qui se déclarait, naguère encore, fier de n’avoir jamais fait la moindre étude.

Les cas de MM. Schröder et Fischer sont loin d’être isolés. Ainsi l’ancien ministre français de l’économie et des finances, Thierry Breton, est censé, quant à lui, prodiguer un enseignement de qualité exceptionnelle à l’université américaine de Harvard, moyennant rémunération bien sûr.


Il explique probablement à ses étudiants pour quelles raisons il n'a rien fait, à part prononcer les lamentos d’usage, pour remédier à la catastrophe économique dans laquelle nous conduisent l’euro et le Pacte de stabilité européen, pour le plus grand profit des fonds de pension américains.

Ensuite, à raison d'environ une demi-journée par semaine, moyennant une très confortable rémunération, il conseillera la banque dirigée par David de Rothschild sur "des réflexions concernant essentiellement le marché américain".

Ceci expliquant cela...

Le Premier ministre britannique John Major – celui-là même qui parvint à imposer à son opinion publique la ratification du Traité de Maastricht par le Royaume-Uni - coule maintenant une retraite en or massif, également aux Etats-Unis, chez Carlyle, le fonds d’investissement américain réputé très proche de la CIA et de la famille Bush. Il y siège au conseil d’administration, à côté de George H.W. Bush, ancien Président des États-Unis (et père du Président des États-Unis George W. Bush), de James Baker, ancien Secrétaire à la Défense américain, ou de Karl Otto Pöhl, ex-président de la Bundesbank.

Rappelons que le fonds Carlyle a été principalement bâti par Frank Carlucci., ancien directeur adjoint de la CIA, conseiller à la sécurité nationale puis secrétaire à la défense de Ronald Reagan.


Rappelons aussi que c'est Franck Carlucci qui, alors qu’il était ambassadeur des Etats-Unis à Lisbonne pendant la " Révolution des œillets ", a " repéré " José Manuel Barroso qui n’était alors que le Président des étudiants maoïstes et en a fait un boursier de l’OTAN.

Il est donc probable que celui qui assure actuellement la présidence de l’Union dite " européenne " trouvera aussi un confortable pantouflage outre-Atlantique, le moment venu...

CONCLUSION

Et Nicolas Sarkozy dans tout cela ? Ceux qui se préoccupent de son déroulement de carrière pourront se rassurer en se rappelant ce qu'il avait écrit dans son livre paru à l’été 2006 : celui qui était à l’époque le président de l’UMP avait indiqué qu’il " « ne terminera pas (sa) vie professionnelle en faisant de la politique ".

En d’autres termes, la présidence de la République française n'est pour lui qu'un passage dans un parcours professionnel soigneusement établi. Ce qu'il doit probablement avoir en tête, c'est de " valoriser au mieux " son passage à l’Elysée.

Avoir fait ratifier la Constitution européenne dans le dos des Français, après avoir laissé l’euro détruire l’industrie française, après avoir conduit la France à réintégrer l’OTAN, après avoir aligné notre diplomatie sur les positions les plus guerrières de Washington, après avoir envoyé des milliers de soldats en Afghanistan, bref, après avoir tout fait pour fermer la maison France en la bradant aux intérêts américains, que peut-il espérer à votre avis ?


http://u-p-r.org/ab/index.php?page=article&id=43




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16/03/2008

La Pologne se rebelle

Le “oui, mais” polonais au traité de Lisbonne

Le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski et de son frère Lech, président de la République, exige que le préambule à la loi de ratification stipule la primauté de la Constitution polonaise sur le Traité européen. Jaroslaw Kaczynski souhaite que soit réaffirmé que « la République polonaise reste et restera un État souverain ». Cette condition est pour lui nécessaire pour donner le feu vert de son parti. « Si on décide de faire passer en force la version de la ratification proposée par le gouvernement, nous serons obligés de voter contre ou au moins nous abstenir, ce qui revient au même » a-t-il déclaré.

La ratification du traité devant être votée à une majorité qualifiée des deux tiers, Jaroslaw Kaczynski dispose avec 159 députés sur 460 d’une minorité de blocage d’un peu plus d’un tiers. Il est donc en mesure de pouvoir bloquer la ratification du traité. Mais les conservateurs sont partagés et le Premier ministre libéral Donald Tusk a prévenu : « Les Kaczynski ont dépassé les bornes. Je ne les laisserai pas faire. » Certes, mais comment ?

 

T.B.

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28/02/2008

Sarkozy, ou la fulgurante déception

 Après l'état de grâce, vient aujourd'hui l'ère de la défiance des Français à l'égard du président. Au mois cette situation a-t-elle l'avantage de mieux nous préparer aux prochaines élections !

La chute brutale de popularité de Nicolas Sarkozy est d'une gravité extrême car ses causes n'ont rien à voir avec celles qu'ont pu expliquer celle de ses prédécesseurs ! Il ne s'agit pas seulement d'une déception vis-à-vis de la politique menée mais d'une interrogation profonde et justifiée sur la capacité de Nicolas Sarkozy à assumer la charge de Président de la République, et à incarner une « certaine idée » de la France.
Nos compatriotes ont élu Nicolas Sarkozy car ils ont été séduits par son énergie, son volontarisme politique et son programme de rupture avec la pensée unique. Ils doutent aujourd'hui pour trois raisons.

Une fonction sans incarnation
Tout d'abord, pouvaient-ils imaginer que, pour la première fois sous la Vème République, l'heureux élu ne ferait pas, une fois intronisé, sa mue présidentielle ? Tous les Présidents ont su, en effet, se hisser dès leur entrée en fonction à la hauteur de leur suprême mission et faire preuve, quels que fussent leurs faiblesses ou leurs défauts par ailleurs, de dignité, de mesure, en un mot, d'une sorte de « sagesse présidentielle ».
Loin d'être métamorphosé par la fonction, Nicolas Sarkozy a au contraire voulu plier les institutions de la Vème à son égo. Il n'a pas compris que loin d'incarner la rupture, il se privait alors des moyens de la mettre en œuvre. Ce qui a pu un moment séduire les magazines people est vite devenu insupportable aux Français qui, en fait d'un chef de l'Etat, se sont réveillés avec une star de la politique spectacle.
Augmentation inconvenante de son salaire, vacances au frais de milliardaires, étalage de sa vie privée, absence de maîtrise de soi, il n'y a vraiment que le petit milieu parisien blasé de tout qui pouvait tolérer ce comportement. Heureusement la France ne se résume pas à Neuilly !

La politique des « coups »
Mais la déception des Français puise ses racines plus loin encore. Nicolas Sarkozy a du talent, il est habile, cela ne fait aucun doute. Pour autant, le Président de la République n'est pas là pour tenir en haleine le pays avec des « coups » politico-médiatiques sans lendemain, à la manière d'un avocat brillant sachant emporter « affaires » sur « affaires ». Le Président de la République est là pour mener dans la durée une action cohérente, suivie, globale, au service de l'intérêt de la France et des Français.
L'esbroufe impressionne sur le moment. Mais, portée aux nues sur le coup, elle se révèle bien souvent contre-productive dès le lendemain. Ainsi, au sommet de Bruxelles de juin dernier, Nicolas Sarkozy a été applaudi par des médias unanimes, pour avoir soi-disant « sauvé l'Europe ». Pourtant, en ce début d'année, nos compatriotes ont fini par découvrir le pot aux roses. Le traité de Lisbonne n'est que le retour de la Constitution européenne qui aggrave les dérives de l'UE, à des années-lumière du « mini-traité » promis. Quant à la ratification parlementaire, elle apparaît au grand jour pour ce qu'elle est : un déni de démocratie pur et simple.
De même le paquet fiscal fut populaire en juillet car il semblait répondre à l'aspiration légitime de nos concitoyens à l'accès à la propriété, mais impopulaire dès septembre car totalement inefficace pour stimuler le pouvoir d'achat. Un jour le rapport Attali, le lendemain la capitulation face aux taxis. Un jour les caisses sont vides, le lendemain 200 euros de plus pour le minimum vieillesse – en parfaite contradiction avec l'annonce faite quelques heures avant par le Premier ministre !
L'activisme s'est transformé en agitation, pour ne pas dire en hyperactivité…

Un modèle loin des aspirations des citoyens
Enfin, à la déception des Français s'ajoute l'inquiétude sur le modèle qui semble inspirer Nicolas Sarkozy et qui avait été soigneusement dissimulé sous des discours de campagne inspirés par Henri Guaino.
En effet, derrière les coups de menton contre Bruxelles et l'OMC, derrière les déclarations martiales voire menaçantes, se dessine un projet politique totalement décalé par rapport aux aspirations profondes des Français. La remise en cause de la laïcité comme la dérive euro-atlantiste en politique étrangère, avec l'engagement accru en Afghanistan (au mépris des déclarations de veille de second tour présidentiel) et la création d'une base à Abou Dhabi, éloignent un peu plus les Français du Président.

Le cumul de ces comportements, de ces déceptions, de ces contradictions, explique sans aucun doute la colère grandissante des Français. La gauche étant incapable d'offrir la moindre alternative sérieuse, l'UMP ayant étouffé les gaullistes et les républicains, le Centre se débattant dans ses guerres picrocholines, il va de soi que notre pays est au devant de grands périls.
Plus que jamais il nous revient de préparer une alternative politique. Dignité dans l'exercice de la fonction présidentielle. Respect de la République, du peuple et des institutions, continuité et cohérence dans l'action, nouvelle voie économique et sociale, reconstruction inévitable de l'Europe.
Les défis de l'après Sarkozy sont déjà là !

 


Par Nicolas Dupont-Aignan

16:09 Publié dans Amis | Lien permanent | Commentaires (1)

18/02/2008

Kosovo : la trahison de l'Europe

Et si l’indépendance unilatérale du Kossovo sonnait le glas de l’Europe ? Il n’est évidemment pas question de rabâcher ici toutes les considérations de bon sens relatives à une indépendance profondément déstabilisatrice en premier lieu dans les Balkans, région encore meurtrie par des guerres et dont les plaies sont loin d’être refermées ; ensuite dans une conjoncture internationale en surtension chronique depuis Septembre 2001.

Ayons à l’esprit, sans aller très loin, déjà en Europe, l’affaire des missiles d’interception américains qui doivent être mis en batterie en Pologne avec leur radar d’acquisition, en Tchéquie. Cela au grand dam de Moscou qui estime – sans doute à bon droit – que ce dispositif de guerre des étoiles n’est pas dirigé contre d’hypothétiques missiles balistiques iraniens, mais bien contre la Fédération de Russie elle-même !

Dans un tel contexte, était-il une nouvelle fois nécessaire de donner un grand coup de canif dans le contrat de bonnes mœurs passé entre les Nations en remettant en cause le droit international et le principe d’intangibilité des frontières* ?

Faut-il, encore aujourd’hui, insister sur le fait que la guerre de 1999 a été lancée contre la Yougoslavie en violation de ce Droit international auquel s’est référé le 27 mars 2003, pour l’honneur de la communauté internationale, le Premier ministre français, M. Villepin, en refusant de prendre part à la guerre d’agression qui allait être engagée contre l’Irak ?

Par ailleurs, on comprend bien pourquoi l’Espagne qui n’en finit pas de gérer le terrorisme basque, s’est opposée à l’indépendance du Kossovo, séparation qui augure mal de l’avenir des États nationaux, tous plus ou moins menacés à terme de landérisation. À commencer par le royaume belge maintenant devenu presque une fiction politique… Pour ce qui est de la France, elle joue avec le feu, inutile d’insister.

Quant aux tenants de l’indépendance - Royaume-Uni, Allemagne, Italie, France - ils viennent d’abattre leurs cartes et nous donnent à voir, dans sa nudité, leur désir d’Europe atlantique, autrement dit leur soumission au projet d’Union européenne tel que conçu et planifié à Washington.

Qui n’a vu en effet que dans Pristina en liesse, la Bannière étoilée fut aujourd’hui tout autant omniprésente que l’aigle noir bicéphale sur fond de gueule (rouge) ? Qui ne perçoit, au-delà des symboles, que le triomphe albanophone au Kossovo est aussi et surtout celui de la politique nord-américaine avançant ses pions afin d’encercler (endiguement) l’espace rival russe en créant à l’Est une nouvelle Europe essentiellement clientéliste ? Que cette indépendance est, au moins à court terme, l’œuvre du Département d’État et du Pentagone** dont les politiques se sont pourtant révélées êtres profondément et durablement déstabilisatrices des équilibres internationaux… Du Proche-Orient à l’Asie centrale, les exemples ne manquent pas où la politique dite du chaos constructif se développe en toute impunité sur des champs de ruines et accessoirement de pavots (la production de 2007 en Afghanistan aura été de 8200 t contre 180 en 2001 sous le régime Taleb - source NU).

De ce point de vue, il est consternant que les alliés ou les affidés européens de Washington - France, Allemagne, Italie, Angleterre - aient conspiré à la destruction de l’Europe, car la Serbie qui souhaitait rejoindre l’Union, va, en toute logique, lui tourner le dos pour se rapprocher de Moscou.

Ainsi, en hypothéquant à l’Est la construction européenne, en installant une fracture potentiellement contagieuse dans les Balkans où les minorités pourront tirer prétexte du précédent de l’indépendance kossovare comme la Transnistrie moldave ou les albanophones de Macédoine (pour ne pas parler de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie qui viennent ce même 17 février de candidater à l’indépendance !), l’Europe aura été, une fois de plus, trahie.

Trahie le 13 décembre par le passage en force du Traité de Lisbonne, sans consultation référendaire des Peuples. Un texte qui n’instaure en aucun cas cette Europe politique qu’espéraient les européistes sincères, ceux qui mettaient tous leurs espoirs dans une Union supranationale constituant un espace de puissance pouvant faire pièce aux appétits américains et aux empires émergents, notamment en Asie.

Ceux-là se retrouvent floués par une construction européenne qui n’aboutira au mieux qu’à un espace marchand, en fait à une zone de libre-échange euratlantique. L’Europe n’est finalement qu’un abus de langage…L’Europe a été un mythe utile à duper les foules et nécessaire à la création d’un vaste ensemble économique, financier et marchand destiné à absorber progressivement tous les États voisins, y compris euro-méditerranéens, placés sous la bannière du Pacte de l’Atlantique Nord. Ce sont - n’est-ce pas ? - des troupes européennes qui sous couvert de l’Otan, mais sous commandement américain, combattent en Afghanistan ? N’est-ce pas assez clair ainsi ?

Au final, l’indépendance du Kossovo ne constitue qu’une preuve supplémentaire, de ce que l’Europe n’est pas le but réel de l’Union en construction. Non, le mot «Europe » n’est qu’un leurre destiné justement à masquer sa disparition, sa dissolution et sa satellisation à la périphérie orientale de l’Amérique Monde. Nous n’aurons pas l’Europe, en revanche nous avançons vers cette fusion occidentaliste que l’ancien Premier Ministre Édouard Balladur appelle ardemment de ses vœux***.

Alors, laissons-là nos dernières illusions. Au-delà de la fièvre du dimanche soir, derrière les débordements et les délires populaires de Pristina, osons percevoir les premiers frémissements de la nouvelle Guerre froide qui s’annonce avec en toile de fond la scène d’une fête sans lendemain…

Post-scriptum.
Quoique la « société multiraciale » ait été à l’ordre du jour de cette déclaration d’indépendance, celle-ci n’est a priori ni la victoire de la tolérance ni de la raison : «l’acte de naissance du nouvel État sont les bombes de l’Otan » comme l’a rappelé le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica ce 17 février, auxquelles sont venues s’ajouter la rage des vainqueurs comme en témoignent les ruines de centaines d’églises et de monastères, les villages brûlés et leurs habitants chassés. Si la guerre fût entreprise pour mettre fin à de regrettables actions qualifiées pour les besoins de la cause «épuration ethnique »** aujourd’hui l’histoire, écrite par les seuls vainqueurs, se couvre de l’ombre du mensonge. Un mensonge passé dans l’épaisseur du trait médiatique, car s’il sortait de la sphère restreinte des historiens et des politologues pour atteindre le domaine public, il mettrait à bas le mythe d’une Europe de la paix.

Opérons à ce propos un arrêt sur image illustrant formidablement le pouvoir de sidération des médias sur l’opinion : la formule magique « La plus grande réussite de la construction européenne, c’est la paix» inlassablement répété pour nous vendre le Traité (dit simplifié) de Lisbonne, passe sans vergogne par pertes et profits sept grandes années de guerres sanglantes, 1992-99.. De quoi rester pantois et méditatifs quant à la matrice médiatique au sein de laquelle nous baignons dans le liquide amniotique du mensonge et de la manipulation mentale. Rien d’excessif dans ce constat si l’on y réfléchit bien…

Jean-Michel Vernochet 17 février 2008

Dernier ouvrage : « Manifeste pour une Europe des peuples ». Éd. du Rouvre. Paris 2007

Notes :
* C’est la transgression de ce principe par la Slovénie puis la Croatie en 1992, avec le soutien de l’Allemagne, qui enclencha sept années de guerres balkaniques pour le démantèlement de la Fédération yougoslave, dislocation qui s’achève ce 17 février 2008 avec l’indépendance du Kossovo.

** La base stratégique la plus importante en Europe, et vraisemblablement hors des États-Unis, se trouve au Kossovo. Le «Camp Bondsteel» se trouve au sud de la province près d'Urosevac, entre Pristina et Skopje en Macédoine. Il participe d’un vaste dispositif de bases implantées en Europe orientale de la Bosnie à l’Albanie via la Croatie. Le camp, une ville de 25 000 âmes, comporte quelque 160 bâtiments d’habitation, de nombreux édifices administratifs, deux «foyers», un «Burger King», des installations sportives et de loisirs, deux églises et un hôpital.

*** Juste après la cessation des combats du printemps 1999, M. Kouchner emporté par ses habituels élans lyriques avançait le chiffre de 100 000 victimes ; quelques semaines après, en août, les enquêteurs des Nations Unies, parvenaient péniblement à 2000 morts toutes ethnies confondues ; en septembre 2004, Amnesty International avançait le chiffre de 3272, nombre arrondi à 4000 (!) au cours des dernières années par les experts médico-légaux du TPY. À ce jour, le chiffre virtuel médiatiquement retenu pour sa valeur symbolique, s’élève cependant toujours à 10 000. Pour ce qui est de l’épuration ethnique, la seule identifiable est au final celle des serbes dont 200 000 d’entre eux durent fuir la province ; on se souvient des meurtrières émeutes anti-serbes de mars 2004.

**** Édouard Balladur « Pour une Union occidentale entre l’Europe et les É-U». Fayard. 2007.

Source: http://www.lunivers.info/

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12/02/2008

La faiblesse de la construction européenne.

Une grosse daube se constitue à Bruxelles dont la puanteur nous étouffe déjà, rien à voir avec l'Empire romain, ni même avec l'Empire américain.
Une espèce de marché à ciel ouvert ou chaque parasite de la planète viendra se servir avant que l'ensemble ne s'écroule et que les territoires occupés par des peuples acculturés et/ou exogènes ne soient pris par les plus forts. Probablement un partage à trois: une avance à l'Est de la Russie qui reconstituera ses marches (ce n'est pas le plus grave), une partie par les USA qui n'entendent à aucun prix perdre pied en Europe occidentale et une partie du Sud par les peuples du Maghreb qui s'imaginent toujours que c'est mieux ailleurs alors qu'ils vivent dans un Eden potentiel.
Et les lobbies extérieurs sont diablement actifs à Bruxelles, ce qui pour quelqu'un qui a une culture basée sur l'Etat nation semble très étrange. Y-a-t-il des lobbies européens au Sénat américain? ou au je ne sais quoi chinois? J'en doute.
Or l'Europe c'est tout l'inverse de l'idée de puissance: on délègue la production aux quatre coins du monde et on s'en remet pour notre défense à un parrain qui n'a aucun intérêt à ce que nous devenions une puissance.
Donc l'Europe n'est pas une puissance économique, au mieux une puissance marchande et encore on pourrait en discuter, pas une puissance militaire et pas du tout une puissance démographique. Tout cela avec des masses amorphes qui vont se sentir de moins en moins concernées par l'avenir du "machin".

Paul-Emic

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