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15/05/2008

Les dirigeants européens assurent leur fin de carrière








" Il serait judicieux de renoncer à tout ce qui pourrait être interprété comme une tendance à encercler et à contenir la Russie. Or, c'est précisément ainsi que l'on peut considérer l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN ".

C'est ce qu'a déclaré l'ancien Chancelier allemand à l'agence de presse Novosti. Ainsi, Gerhard Schröder vient de refaire parler de lui de façon spectaculaire. Du moins en Russie car chez nous, les médias font silence sur l’affaire.



Après ce pavé dans la mare, M. Schröder a assuré que de nombreux autres membres de l'Alliance atlantique voient d’ailleurs d'un mauvais oeil l'intégration de ces deux pays au sein de l'OTAN. " Je partage leur avis ", a indiqué l'ancien chancelier, ajoutant que la majorité de la population ukrainienne s'opposait à l'entrée de son pays dans l'OTAN. " Quant à la Géorgie, sa politique intérieure ne manque pas de susciter des doutes. En outre, il faut se garder d'apporter à l'OTAN les conflits non réglés en Géorgie et dans son voisinage ", a –t-il conclu.

Gerhard Schröder lève le coin du voile : Construction européenne et OTAN sont les deux volets du même encerclement stratégique conçu à Washington
Si l’ancien chancelier allemand a lancé de pareils pavés dans la mare lors de l’interview à l’agence Novosti, c'est d’abord parce que la question se pose en effet. Lors du sommet de l'OTAN début avril à Bucarest, il a été décidé de remettre à décembre prochain l'intégration de la Géorgie et de l'Ukraine au " Plan d'action pour l'adhésion à l'Alliance atlantique ". Mais ce n'est que partie remise car les Américains exigent cette entrée et le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a d'ores et déjà confirmé que la Géorgie et l'Ukraine seront admises au sein de l'Alliance. La timide opposition manifestée par l’Allemagne et la France relève probablement du registre de la propagande scénographique, pour faire croire aux populations, une fois la décision prise, que le point de vue " européen " a été dûment pris en compte. Les Américains sont champions pour bâtir des oppositions de complaisance qui permettent de verrouiller tout débat, la chose est connue.

A vrai dire, l’analyse de Gerhard Schröder n'a rien d’une stupéfiante révélation. Quiconque s’intéresse un tant soit peu à la géopolitique américaine sait que Washington a prévu et organisé de longue date la construction européenne et l’OTAN comme les deux faces d’une même médaille, destinées à transformer le continent européen comme un " glacis américain " visant à encercler la Russie et à la repousser dans ses derniers retranchements. Avec pour mission connexe celle de surveiller et d’intervenir au Proche et au Moyen Orient, et notamment de mettre la main sur les ressources énergétiques.

L’élargissement de l’OTAN puis celui de l’Union dite " européenne " aux pays de l’est ne fut ainsi qu’une étape dans ce processus qui se poursuit désormais en direction de l’Ukraine, des pays issus de la Yougoslavie et des pays du Caucase. Ceux qui auraient encore quelque illusion en la matière liront avec profit le livre intitulé " Le Grand Echiquier ", paru en 1997 et écrit par Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller du Président Carter pour les questions internationales, qui décrit minutieusement ce processus d’encerclement.
Gerhard Schröder brise un tabou parce que ses nouveaux employeurs sont russes.

Ce qui est nouveau en revanche, c'est qu’un ancien grand dirigeant de l’Europe de l’Ouest fasse une telle déclaration. Elle brise l'un des plus grands tabous politiques de notre époque car elle montre crûment que les dirigeants ouest-européens savent parfaitement ce qui se passe, et qu'il y consentent, toute honte bue, par simple souci de carrière personnelle.

Car si Gerhard Schröder dit à haute voix ce que les Anthony Blair, Gordon Brown, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et autre Zapatero savent tout bas mais cachent à leurs opinions publiques, c'est tout bonnement parce que ce sont les Russes qui assurent désormais le train de vie de l’ancien Chancelier allemand.

Celui-ci est en effet président de Nord-Stream, le consortium germano-russe qui pilote le projet de gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique. Ce projet, dont le tracé contourne savamment les pays baltes, la Biélorussie et la Pologne, permet à Berlin de traiter directement avec Moscou de ses approvisionnements énergétiques, en se passant avec un cynisme consommé du regard " amical " de la Commission européenne et des Etats-membres de l’est européen.

Dis-moi qui te paye, je saurai ce que tu vas dire sur la " construction européenne " et sur l’OTAN

Une observation fine de la scène politique en Europe permet de confirmer le phénomène intéressant que vient de révéler de façon fracassante la déclaration de Gerhard Schhröder. A savoir que les analyses géopolitiques des dirigeants européens varient, non pas selon le souci de la justice internationale et de la paix mondiale, non pas non plus selon les légitimes intérêts de leurs peuples qu'ils sont censés défendre et protéger, mais bien plus sordidement… selon leur employeur du moment.

Ainsi, Gerhard Schröder s'est-il montré un farouche euro-atlantiste lorsqu’il était au pouvoir, allant même jusqu’à signer une " Alliance germano-américaine pour le XXIe siècle " le 27 février 2004. Il est vrai qu'il devait composer à l’époque avec la Commission européenne et les médias occidentaux, lieux où les services d’influence américains sont tellement puissants qu’ils peuvent briser une carrière de dirigeant politique.

Mais maintenant que Schröder est " passé à l’est ", changement de décor : voilà qu’il se met à dénoncer à mots pas même couverts ce qu’il soutenait lorsqu’il était à la Chancellerie, en dévoilant une toute petite partie des craintes que lui inspire, comme à tous ses collègues, l’encerclement impérial et belliciste que les Etats-Unis mettent en œuvre.
Pendant ce temps, son ancien ministre des affaires étrangères, Joseph Fischer, garde quant à lui bouche cousue. Car cet ancien anarchiste d’extrême-gauche est désormais grassement employé par l’Université américaine de Princeton où il est censé " enseigner ". Belle fin de carrière, en termes pécuniaires s’entend, pour cet ancien chauffeur de taxi qui se déclarait, naguère encore, fier de n’avoir jamais fait la moindre étude.

Les cas de MM. Schröder et Fischer sont loin d’être isolés. Ainsi l’ancien ministre français de l’économie et des finances, Thierry Breton, est censé, quant à lui, prodiguer un enseignement de qualité exceptionnelle à l’université américaine de Harvard, moyennant rémunération bien sûr.


Il explique probablement à ses étudiants pour quelles raisons il n'a rien fait, à part prononcer les lamentos d’usage, pour remédier à la catastrophe économique dans laquelle nous conduisent l’euro et le Pacte de stabilité européen, pour le plus grand profit des fonds de pension américains.

Ensuite, à raison d'environ une demi-journée par semaine, moyennant une très confortable rémunération, il conseillera la banque dirigée par David de Rothschild sur "des réflexions concernant essentiellement le marché américain".

Ceci expliquant cela...

Le Premier ministre britannique John Major – celui-là même qui parvint à imposer à son opinion publique la ratification du Traité de Maastricht par le Royaume-Uni - coule maintenant une retraite en or massif, également aux Etats-Unis, chez Carlyle, le fonds d’investissement américain réputé très proche de la CIA et de la famille Bush. Il y siège au conseil d’administration, à côté de George H.W. Bush, ancien Président des États-Unis (et père du Président des États-Unis George W. Bush), de James Baker, ancien Secrétaire à la Défense américain, ou de Karl Otto Pöhl, ex-président de la Bundesbank.

Rappelons que le fonds Carlyle a été principalement bâti par Frank Carlucci., ancien directeur adjoint de la CIA, conseiller à la sécurité nationale puis secrétaire à la défense de Ronald Reagan.


Rappelons aussi que c'est Franck Carlucci qui, alors qu’il était ambassadeur des Etats-Unis à Lisbonne pendant la " Révolution des œillets ", a " repéré " José Manuel Barroso qui n’était alors que le Président des étudiants maoïstes et en a fait un boursier de l’OTAN.

Il est donc probable que celui qui assure actuellement la présidence de l’Union dite " européenne " trouvera aussi un confortable pantouflage outre-Atlantique, le moment venu...

CONCLUSION

Et Nicolas Sarkozy dans tout cela ? Ceux qui se préoccupent de son déroulement de carrière pourront se rassurer en se rappelant ce qu'il avait écrit dans son livre paru à l’été 2006 : celui qui était à l’époque le président de l’UMP avait indiqué qu’il " « ne terminera pas (sa) vie professionnelle en faisant de la politique ".

En d’autres termes, la présidence de la République française n'est pour lui qu'un passage dans un parcours professionnel soigneusement établi. Ce qu'il doit probablement avoir en tête, c'est de " valoriser au mieux " son passage à l’Elysée.

Avoir fait ratifier la Constitution européenne dans le dos des Français, après avoir laissé l’euro détruire l’industrie française, après avoir conduit la France à réintégrer l’OTAN, après avoir aligné notre diplomatie sur les positions les plus guerrières de Washington, après avoir envoyé des milliers de soldats en Afghanistan, bref, après avoir tout fait pour fermer la maison France en la bradant aux intérêts américains, que peut-il espérer à votre avis ?


http://u-p-r.org/ab/index.php?page=article&id=43




23:34 Publié dans Amis | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

Bonjour,

Je découvre votre blog qui vraiment très intéressant mais beaucoup de propos me font bondir...

Je réagis à votre conclusion pour essayer d'être bref :

"Avoir fait ratifier la Constitution européenne dans le dos des Français" :
désolé mais c'est faux, cela faisait partie de son programme présidentiel, donc aucune surprise, aucune tromperie sauf pour ceux qui n'ont pas lu le programme.

"après avoir laissé l’euro détruire l’industrie française" : certes l'euro n'a pas que des conséquences positives, mais de la à le charger de tous les maux de l'industrie française, il ne faut pas exagérer. En France, nous avons plutôt un problème de méthodologie ; nous vendons nos produits, mais en même temps nous bradons notre expertise en permettant à nos clients, après formation par nos soins, de pouvoir se passer totalement de nous. Etrangement, l'euro toucherait le France plus que les autres pays de l'europe ? Que je sache l'Allemagne utilise l'euro et son industrie se porte très bien.

"après avoir conduit la France à réintégrer l’OTAN, après avoir aligné notre diplomatie sur les positions les plus guerrières de Washington" :
Que je sache faire partie de l'OTAN ne signifie pas l'alignement sur les positions américaines, pour preuve les derniers votes récents ou nous nous sommes opposés aux américains. Je ne vois pas non plus en quoi nous nous sommes alignés sur les positions "guerrières" des US. Si c'est de la guerre contre le terrorisme que vous parlez, alors oui il faut mais combattre côte à côte. Mais vous êtes surement de ceux qui pensent que le terrorisme est terminé et qu'il n'y a plus de risques. Vous préférez ne pas prendre position par peur des représailles, vous avez déjà capitulé face à ce fléau...En plus vous me semblez profondément européen, si nous avions eu une politique étrangère commune, les votes nous auraient probablement entraînés en Irak.

"après avoir envoyé des milliers de soldats en Afghanistan" "après avoir tout fait pour fermer la maison France en la bradant aux intérêts américains" :
Nous avons à peu prêt 2000 soldats en Afghanistan, moins que l'Allemagne, le canada...Si la situation en Afghanistan n'a aucun impact sur notre sécurité, si la zone entre le Pakistan et l'Afghanistan n'est pas à nouveau le bastion des terroristes, si la situation du pays est redevenue acceptable (sans parler de la condition des femmes, de la charia...) alors effectivement nous devons nous retirer totalement de ce pays, mais je crois que tout cela est bien illusoire. On se réveillera un matin avec une bonne gueule de bois en se disant "Merde, c'est trop tard, on aurait du désamorcer le conflit quand il était encore temps...".

Alors pour répondre à votre question, je me fiche totalement de ce que Sarkozy peut espérer après l'élysée, tant que c'est dans la secteur privé, (un poste en or aux USA, une retraite dorée, qu'il aura de toute façon...) ce que je veux c'est la réforme du pays, la fin des corporatismes, privilégier l'intérêt général sur les intérêts particuliers (en ce jour de grève ! ) et faire revenir la France au premier plan international, mais je vous l'accorde, ce n'est pas gagné...

Écrit par : SPSM | 22/05/2008

Cet article n'est pas de nous. Néanmoins je vous répondrai comme s'il l'était:
Sarkozy avait parlé de minitraité lors de la campagne. Et non du refourgage intégral de la constitution rejetée intelligemment par les français.
Le premier état terroriste au monde sont les Etats-Unis qui tuent les civils par millions lors de leurs interventions militaires qui, curieusement, épargnent souvent les soldats du camp adverse.
La réforme le mot est lâché: quelles réformes? Sarkozy n'est pas un réformiste mais un révolutionnaire qui passe en force.

Écrit par : incisif | 22/05/2008

cet article est excellent et merci de l'avoir reproduit.
D'accord également avec votre réponse

Écrit par : Paul-Emic | 23/05/2008

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