11/05/2010
Les pyromanes jouent aux pompiers
Les Danaïdes, dans la mythologie grecque, sont de délicieuses jeunes filles qui pour avoir tué sans ménagement 50 jeunes gens ont été condamnées dans les enfers à remplir éternellement un tonneau sans fond.
La course éperdue des gouvernements européens pour voler au secours de la Grèce et d'autres pays les conduit à condamner les peuples européens au supplice des Danaïdes. Il y a quelques jours il était question simplement de 30 milliards d'euros pour « sauver » la Grèce et nous voici dépassant allègrement les 100 milliards sans que personne évidemment ne puisse savoir si cela suffira. Pour éponger les catastrophes cachées qu'ils ont eux-mêmes créées, voici que les mêmes gouvernements mobilisent 700 milliards au risque de créer un nouvel incendie !
Le tout repose sur un certain nombre de mensonges.
D'abord, pour la Grèce et pour d'autres, l'on se réfère sans cesse au PIB en rapportant tous les chiffres à cet étalon maintenant universel ; or les économistes savent bien que c'est une quantité qui n'a aucune signification intelligente et qui est trafiquée en permanence dans tous les pays. Bien mieux, l'Europe savait depuis 2001 que les statistiques grecques étaient volontairement faussées par les pouvoirs politiques de ce pays, les autres gouvernements acceptant par solidarité amicale de fermer les yeux.
L'aide promise à la Grèce est présentée comme un simple prêt avec un taux d'intérêt jugé acceptable et l'on entend avec stupéfaction les ministres des finances des pays prêteurs affirmer, non sans aplomb, que le prêt sera remboursé et même qu'au finish l'opération sera fructueuse.
A l'origine de la crise qui frappe durement la Grèce il y a un point qui est passé absolument sous silence par toute la presse : c'est la cupidité des dirigeants politiques grecs. La Grèce est en fait exploitée depuis longtemps par un petit quarteron de politiques agissant à leur profit dans un cadre familial ; pour consolider leur pouvoir et la richesse personnelle qui s'ensuit ils ont pratiqué ce que l'on appelle pudiquement le « clientélisme politique » et ont donc recruté des cohortes de fonctionnaires ou de quasi fonctionnaires ; 70 % des Grecs vivent au dépens de l'Etat au lieu de créer de la richesse comme ils pourraient le faire. Il est facile de comprendre que la découverte brutale de cette réalité avec la perspective de perdre leurs avantages soit terrifiante pour ces millions de gens. Ce pays est loin d'être le seul à souffrir d'un excès de fonctionnarisation.
Finalement il a été victime d'une opération malhonnête qui conduit la population à une double punition. La première est que le peuple grec n'a pas pu s'enrichir normalement en créant de la richesse. La deuxième vient de ce que la sortie est particulièrement cruelle par les remèdes administrés, ce qui conduit aux émeutes dans la rue avec déjà un certain nombre de décès. Cette analyse s'applique avec des nuances diverses à tous les pays européens même aux plus présumés « vertueux ».
En face de cette situation dramatique qu'elle est la réaction de ce que l'on dénomme avec emphase la communauté internationale? C'est là que se situe la solidarité entre eux des dirigeants politiques des divers pays, laquelle est une des faces cachées de cette communauté internationale. Il ne saurait être question pour les autres d'accuser clairement la classe politique grecque, car ce serait risquer le boomerang sur ce qui se passe, sauf exception, dans les grandes démocraties occidentales surtout les plus prétentieuses.
Les mesures imposées à la Grèce sont purement mathématiques et arbitraires, en s'inspirant de la pratique habituelle du FMI. Jugeant, à juste titre, que les déficits sont insupportables, les prêteurs européens obligent le pays à y porter remède mais sans se préoccuper du tout de la façon dont la potion sera administrée. La potion est une austérité vraiment dramatique pour le peuple grec, sans que soit portée nulle atteinte aux privilèges scandaleux de la classe politique.
Il faut ajouter que le secours à la Grèce s'inspire de l'objectif fondamental d'éviter qu'elle sorte de l'euro. Est-il utile de rappeler que Tocqueville Magazine, dès la création de l'euro, a indiqué non seulement que c'était une création nuisible pour les économies engagées dans cette aventure mais qu'un jour l'euro éclaterait? Comme beaucoup d'économistes partagent cet avis et l'écrivent clairement dans les journaux, quelle est la raison pour laquelle les gouvernements européens veulent absolument éviter cet éclatement? L'on retrouve ici encore la cupidité habituelle des politiques. La communauté européenne avec son satellite l'euro est célèbre dans le monde entier pour l'enrichissement indu et considérable des eurocrates allant jusqu'à des retraites parfaitement scandaleuses. L'éclatement de l'euro mettrait à mal l'Europe et par conséquent la rivière argentée où s'abreuve continuellement cet enrichissement.
L'incendie des dettes vient ces jours-ci de recevoir un coup de vent supplémentaire. Un fond de soutien général aux économies en danger va être créé avec 700 milliards d'emprunt ou de garanties. Les Etats européens sont tous connus pour leurs déficits publics, même s'il y a quelques différences entre eux ; l'enrichissement personnel indu des politiques surtout du plus haut niveau est à la fois la cause, le résultat et l'objectif masqué de ces déficits. Au surendettement général il va donc se surajouter un étage. Les peuples sont évidemment abasourdis devant ce cirque, se rendant compte que le supplice des Danaïdes est leur seule perspective.
Les marchés en économie représentent la vox populi. Il est possible qu'ils se rétablissent provisoirement Mais il est un principe absolu : personne ne peut lutter indéfiniment contre les marchés.
Michel de Poncins
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08/05/2010
le rôle néfaste de la FED
La FED, la soi-disant banque centrale US, en fait une banque privée contrôlée par 12 actionnaires privés, l'a fait savoir au monde entier urbi et orbi: aucune spéculation, aussi idiote soit-elle, ne perdra son soutien tant qu'elle contribueraà limiter la population en persécutant les familles et conservera au moins neuf zéros avant la virgule des décimales. Douze zéros c'est encore mieux.Plus le trou financier et le mal fait aux familles sont grands, mieux c'est...
Leur but, moins de monde plus facilement contrôlable avec des lois de plus en plus stupides, du style de Monsanto qui brevette les cochons ou les plantes et qui ruine les paysans pour faire monter les prix de la nourriture en faisant croire qu'ils veulent le bien de l'humanité......
Les plus de mille milliards de $ en défaut sont créés du néant, ex nihilo pour les spécialistes, comme 99.999 % de toutes les sommes actuellement en circulation (SIC). Il y a là le danger inflationniste dénoncé par Irving Fisher qui dénonçait déjà en 1933 le fait que l'émission monétaire appartienne à une multitude d'agents privés irresponsables.
Ces profiteurs de la crédulité infinie des citoyens bernés n' ont aucune raison de régler le volume de la monnaie en circulation vu qu'ils gagnent toujours plus en profitant de ces symboles sans limites, au prix de vies humaines.
Leurs salaires et primes exorbitants sont indécents et iniques, c'est le prix du sang des désespérés, suicidés, malades chroniques, pollués, alcooliques, drogués, terroristes, révolutionnaires, psychiatrisés, fous, prisonniers, délinquants, morts de faim ou de malbouffe....Les banquiers et financiers ont abusé de ce pouvoir, devenu sans aucune limite légale comme par exemple au Canada.Le système bancaire actuel cause la pauvreté en face de l'abondance en endettant tous les pays et personnes. Les prêts à intérêts ne sont pour la plupart que de simples écritures tirées du néant, c'est à dire de la fausse monnaie, selon Maurice Allais, Prix Nobel d'économie en 1988 dans « La crise mondiale aujourd'hui »
(Ed. Clément Juglar 1999).
C'est, comme l'a écrit plus tard, Maurice Allais, Nobel 1988, un jeu de faux-monnayeur. Il est, soulignait-il « aujourd'hui, pour le moins paradoxal de constater que, « lors que pendant des siècles l'Ancien Régime avait préservé jalousement le droit de l'État de battre monnaie et le privilège exclusif d'en garder le bénéfice la République démocratique a abandonné pour une grande part ce droit et ce privilège à des intérêts privés » (M. Allais. L'impôt sur le capital et la réforme monétaire,
Hermann 1976).
Nous disons donc qu'il y a une malhonnêteté évidente à demander un intérêt sur l'usage d'un bien (la monnaie) que l'on ne possède que par des symboles virtuels créés du néant et en profitant de la crédulité du public et du silence des intellectuels, politiques et religieux grassement payés pour se taire et ne rien comprendre.
En rendant à l'État, ou à sa Banque centrale, l'exclusivité de la création monétaire, la monnaie est émise par un seul intervenant et n'a pas à être émise contre un intérêt.
Dans une économie créditrice, cette monnaie de crédit, qui se substitue au crédit bancaire ex nihilo, est rendu social car
a) il est distribué à tous sous forme de dividendes,
b) il vient compenser des ajustement sociaux (mécanisme de l'escompte compensé),
c) il finance des investissements collectifs de développement durable.
C'est un crédit social.
Il ne faut donc pas confondre et traiter de la même façon le prêt d'une monnaie qui n'existe pas (le crédit bancaire ex nihilo, la grande majorité des "capitaux" qui ne deviennent capitaux que plus tard, par le travail d'hommes et de plus en plus de machines robotisées) et le prêt d'une monnaie épargnée.
Dans le premier cas, c'est un système qu'il convient de dénoncer et de rectifier, vu les robots de plus en plus nombreux qui prennent les places des hommes. Il faudra bien trouver le moyen de distribuer ces dividendes du progrès technique et des robots.
Dans le deuxième cas, nous avons affaire à des particuliers, l'épargnant et l'emprunteur. Il n'est pas sain que l'un gagne sur l'autre, car dans une bonne coopération, les deux doivent normalement également gagner.
Les distinctions subtiles entre usure et intérêt résultent de la pression de certains groupes au XVe siècle, mais pour Saint Ambroise, « demander un intérêt, c'est tuer un homme ». Even dénonce à juste titre l'intérêt et lui oppose le dividende (voir en 3.5).
A ce titre, des banques d'inspiration catholique (NEF, BFCC) ont créé des comptes épargne éthique qui permettent aux épargnants de partager les intérêts avec les emprunteurs et de choisir les domaines d'investissement de leur épargne (logement, emploi, agriculture bio, etc). Mais tout ceci reste marginal.
En revanche, l'économie créditrice accorde à tous un crédit sans intérêt dédié à la consommation et à l'investissement, circonscrit au circuit économique, et par conséquent sans fuite, thésaurisation et spéculation possibles et qui tient compte des robots toujours plus nombreux à notre disposition.
C'est un outil de libération des chaînes de la servitude financière pour un avenir meilleur, à notre portée dès demain si on le veut bien.
inspiré de C.H. Douglas, Alain Pilote, Jeanpier Dutrieux et Louis Even
François de Siebenthal
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12/03/2010
Le féminisme dernier avatar de l'égalitarisme
Le Centre Lesdiguières
vous invite à la conférence de
Stéphane Blanchonnet,
professeur agrégé de lettres,
président du comité directeur de l'Action française.
sur
Le féminisme dernier avatar de l'égalitarisme
Comment le féminisme s'inscrit dans le déploiement de la modernité et, notamment, dans le développement de l'individualisme et de l'égalitarisme.
lundi 29 mars 2010 à 20 h.
salle 1er étage - 10 place Lavalette, 38000 Grenoble
(Tram arrêt : «Notre-Dame »).
La conférence sera suivie d’un buffet convivial
(Participation aux frais)
Centre Lesdiguières - 6, rue Berthe de Boissieux - 38000 - Grenoble
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19/02/2010
Les Français n'ont jamais autant regretté le franc
Selon un sondage Ifop pour Paris Match, 69% des Français éprouvent une grande nostalgie pour le franc.
L'euro est-il un bouc émissaire en ces temps de crise ? Près de 69% des Français disent regretter le franc, selon un sondage Ifop pour Paris Match publié ce mardi. Surtout, 47% des personnes interrogées disent le regretter «beaucoup», 22% le regrettent «un peu» et 31% «pas du tout». La nostalgie n'a jamais été aussi forte depuis l'introduction de l'euro, le 1er janvier 2009. En février 2002, seuls 39% regrettaient le franc, et en juin 2005, 61%, selon les sondages Ifop.
S'il existe un clivage homme-femme, ces dernières étant plus nombreuses à regretter la monnaie nationale, le regret du franc évolue en fonction du niveau d'étude. Le regret du franc est plus présent chez les sans diplômes (81%), que chez les titulaires d'un diplôme du supérieur (37%), de même que chez les non-bacheliers (78%) que chez les bac +2 (49%).
«Les catégories populaires essuient en première ligne les difficultés économiques, le chômage très présent… bref, l'angoisse sociale est très forte, ce qui explique en partie ce rejet de l'euro», selon Frédéric Dabi, co-auteur de l'étude. Mais attention, «il ne s'agit pas vraiment d'un rejet de l'euro, plutôt de la nostalgie d'un âge d'or», précise-t-il. «La fin des années 90 a été marquée par une forte croissance que l'on a pas connu depuis.»
L'euro porte également toujours son péché originel, à savoir les soupçons de hausses des prix consécutives à l'introduction de la monnaie unique dans les commerces. «L'euro joue le rôle d'un marqueur du début de la dégradation de la situation des Français», relève le sondeur. Les Français ne rejettent toutefois pas complètement la monnaie unique et «sont plutôt satisfait de son rôle protecteur au niveau macroéconomique», nuance-t-il.
Toujours est-il que les Français devront dire adieu définitivement au franc le 17 février prochain, date limite pour échanger ses derniers billets à la Banque de France.
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22/01/2010
Jospin n'a rien appris
Carnet de Jean-Pierre Chevènement
Sur le livre de Lionel Jospin
Certains m’interrogent sur le dernier livre de Lionel Jospin qui n’est pas avare de méchancetés à mon égard. Faut-il même y répondre ? J’ai hésité. Mais comme dit le proverbe « Qui ne dit mot, consent ».
Ce qui m’a le plus intéressé, à vrai dire, dans ce livre c’est l’histoire des choix tactiques et des conflits d’appareil qu’il éclaire d’une vive lumière, s’agissant de l’histoire interne du Parti socialiste sur la période 1988-92 notamment. Ce qui me frappe le plus c’est l’absence de réflexion stratégique sur trente ans d’histoire de la gauche.
Dans ce livre il n’est presque jamais question de la France. Elle disparaît. Elle est comme happée par « l’Europe » que l’ancien Premier ministre a acceptée comme le choix directeur qui commandait tous les autres, même s’il confesse, au passage, « l’insuffisance de ses contenus sociaux » et son « libéralisme excessif » (p. 178). Pour procéder à un véritable examen de conscience, Lionel Jospin aurait dû se poser quelques questions : quand a-t-il cherché à corriger ce libéralisme excessif ? En disant « non au non » au traité de Maastricht ? En signant le pacte dit « de croissance et de stabilité », en 1997 ? En organisant la libéralisation des services publics, lors des sommets de Lisbonne (2000) et de Barcelone (2002) ? Ou encore en cautionnant l’idée d’une Constitution européenne en 2000, pour laquelle il fera campagne en 2005 ?
Je partage avec Lionel Jospin le constat que la période était difficile avec Reagan au pouvoir aux Etats-Unis et Thatcher en Grande-Bretagne, mais la France devait-elle se résigner à importer le modèle néolibéral sur le continent, avec la déréglementation financière et l’institution d’une Banque Centrale européenne indépendante, véritable « Buba bis » ? La France n’avait-elle plus rien à dire d’original ? Le rôle de la gauche française n’eût-il pas été de chercher un compromis dynamique avec l’environnement extérieur, en portant un projet républicain moderne, plutôt que de donner les clés de la maison aux oligarchies financières ? Il y avait historiquement une belle place à prendre pour la France entre le communisme sénescent et l’ultralibéralisme néoconservateur. Et qu’on ne nous rebatte pas les oreilles avec « la seule politique possible ». On voit où elle nous a conduits.
Lionel Jospin justifie rétrospectivement la formule qu’il a employée, en mars 1983, de « parenthèse libérale ». « Cette évocation de la parenthèse, écrit-il, était une façon [pour lui] d’accepter et de faire accepter le changement. D’ailleurs elle ne sera pas si mal comprise, puisqu’il n’y aura pas de désarroi chez nos militants »… (p. 100). Curieusement, dans une interview au Monde du 8 janvier 2010, Lionel Jospin, sentant sans doute la faiblesse de son argument, n’hésite pas à écrire : « D’une certains façon, mon gouvernement, en 1997, a refermé « la parenthèse », en conciliant croissance et respect des équilibres, réduction massive du chômage et réalisme économique ». On croit rêver : Lionel Jospin aurait fermé le cycle du social libéralisme !
Pour le reste, ce livre fonctionne comme un disque rayé.
Le 21 avril ne serait l’effet que de la méchanceté de Jacques Chirac, de la volonté d’apparaître de Christiane Taubira, et de l’ambition chimérique de Jean-Pierre Chevènement, comme si l’idée d’un projet républicain moderne était une chimère !
N’était-il pas légitime que je fusse candidat, au nom du Mouvement des Citoyens, composante parmi d’autres de la « gauche plurielle », pour redresser le cours des choses, dès lors que les idées que je portais avaient été marginalisées au sein du gouvernement ?
Et pas seulement sur l’affaire corse, au cœur de mes compétences ministérielles, mais sur bien d’autres sujets (Europe, politique industrielle, bombardements sur la Yougoslavie, etc.). Fallait-il, après que le gouvernement tout entier – et pas seulement moi – eût été mis devant le fait accompli sur l’octroi de compétences législatives à la Corse, que je renie près de quarante ans de combats politiques ?
Lionel Jospin semble découvrir que la gauche a plus de chances unie que divisée. Mais qu’a-t-il fait pour éviter qu’elle se divise ? Il lui eut fallu peu de choses pour convaincre Christiane Taubira de se retirer. Seule sa conviction d’être présent, en tout état de cause, au deuxième tour, l’y a fait renoncer. A-t-il même réfléchi aux raisons pour lesquelles cette division s’est produite ?
Lionel Jospin ne s’interroge pas sur les causes profondes de la défaite de 2002 : l’éloignement des couches populaires d’abord. Pourquoi 11 % seulement des ouvriers ont-ils voté pour lui le 21 avril 2002 ? Ce n’est quand même pas la faute de Chevènement ! Et pas davantage ne s’attarde-t-il sur la montée de l’extrême-droite et de l’abstentionnisme.
Chaque fois qu’il évoque ma personne, Lionel Jospin est rarement à court d’une insinuation malveillante. Qu’il s’agisse de la guerre d’Algérie, où reprenant une perfide antienne, il m’impute de « n’avoir pas fait les mêmes choix [que lui] pendant la guerre d’Algérie » (p.32). La seule différence, à ma connaissance, est qu’il a fait son service militaire en Allemagne et moi en Algérie, où j’ai pris, après la dissolution des SAS (sections administratives spécialisées, lointaines héritières des « bureaux arabes »), plus de risques que lui à combattre l’OAS. A vingt ans, j’étais membre de l’Amicale de l’UNEF de Sciences Po.
De même sur les fournitures d’armes à l’Irak à l’automne 1983 (p. 132). J’aurais eu quelque peine à les favoriser, n’étant plus au gouvernement depuis six mois !
Ou encore, s’agissant de la solution de la « querelle scolaire », où je n’aurais fait que mettre en œuvre les « dispositions simples et pratiques » arrêtées par lui-même et par le Président de la République, « en plein accord et presque seuls » (p. 104). Il faut apparemment me réduire au rôle de simple exécutant pour que Lionel Jospin puisse seul marquer le terrain de l’Education, où son inspiration ne rejoint pas la mienne.
Laissons là ces petitesses. Lionel Jospin, bien que manquant d’une grande vision politique, a été un bon Premier ministre. Je ne reviendrai pas sur ce débat rétrospectif. Au fond je n’ai rien à retirer de ce que j’ai écrit sur ce sujet dans « Défis Républicains » (Fayard, 2004) particulièrement dans les chapitres 12 (« le pari de la gauche plurielle ») et 16 (« l’échec de la gauche plurielle »). Je fais confiance à la sagacité des historiens et à la raison des militants.
La vérité est que Lionel Jospin et moi-même portions des conceptions politiques différentes. J’ai cherché à servir son gouvernement tout en servant la République. Je n’étais pas pour autant devenu son féal.
Un peu moins d’orgueil de sa part permettrait au Parti socialiste et à la gauche de faire l’autocritique d’une dérive libérale et européiste avec laquelle il faut rompre impérativement. L’incapacité de Lionel Jospin à se remettre en cause pèse comme un couvercle sur le cerveau d’une gauche à laquelle échappe encore le fin mot de son histoire. Elle n’aide pas non plus la France à sortir du terrible piège dans lequel elle a été enfermée par la myopie de ses élites.
Jean-Pierre Chevenement le Vendredi 22 Janvier 2010
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