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06/06/2012

Luka Rocco Magnotta: Une demi-information

Vous avez sans doute entendu, vu ou lu comme moi depuis quelques jours ce fait divers sordide où un canadien a tué un homme, l'a découpé et a envoyé les morceaux à différents média pour mieux souligner son exploit. Bien entendu la police canadienne a essayé de l'attraper mais l'oiseau s'était déjà envolé vers l'Europe via la France puis Berlin où il aurait été arrêté ce lundi 4 juin.

La police l'a identifié et les média nous ont fourni son nom: Luka Rocco Magnotta et ils se sont aussi empressés de nous livrer sa profession: acteur de films X hardcore (ce qui signifie que les relations sexuelles filmées sont réelles pour les âmes pures qui nous lisent). N'ayant jamais entendu parler de lui, j'ai cherché un peu plus sur un site (sans photos explicites, je rassure mes lecteurs, je suis resté sain de corps et d'esprit) et ai appris qu'il tournait dans des films gays. Je reprocherai donc aux media de nous avoir sciemment fourni une information tronquée. Ces media, qui ont sans doute fait la même courte recherche que moi, le savaient. Ils ont estimé que nous devions apprendre qu'il était un acteur X mais nous ont caché qu'il était homosexuel. Pourquoi? Pour ne pas jeter l'opprobre sur les homosexuels.

Bien sûr nous n'établirons pas de lien de causalité, la plupart des homosexuels n'ont rien de commun avec les crimes de Magnotta. Mais nous pouvons penser que justement les média ont établi cette causalité et ont en réponse, refusé de nous fournir cette information et nous ont par là même, infantilisés bien vainement.

Si on se refuse de faire un lien entre perversion et homosexualité dans notre société actuelle très permissive, pourquoi devrions-nous voir le mal dans le métier d'acteur de X?

Signalons par ailleurs que les media qui condamnent ces crimes abominables, ne sont pas avares des détails les plus sordides, sans doute dans le seul but louable de nous informer de façon précise.

Nous constatons aussi que cet horrible fait divers semble faire tâche d'huile ce qui confirme que la publicité faite à ces événements n'est pas une bonne chose.

Il s'avère finalement plus intéressant de décrypter les media dans leurs oublis que dans les informations fournies. De ce fait divers, je retiens que selon eux, un mâle blanc est dangereux mais l'homosexualité incarnant dorénavant le bien, elle ne saurait être mise en avant, si un homosexuel se comporte mal.

Incisif

 

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01/05/2012

Indymedia dans l'erreur.

Le centre lesdiguières a été épinglé une seconde fois par indymedia Grenoble par des Komanches (avec de tels délateurs gratuits, le pouvoir en place n'a pas besoin de police politique). Devant les nombreuses erreurs qui y figurent, nous nous devons de corriger le tir.

Le centre Lesdiguières n'a aucun lien direct avec Action Française. C'est une association qui propose des conférences sur Grenoble depuis 1979 avec des personnes d'horizons diverses, d'Alain Soral marxiste à Jean Sévillia, l'écart est important. Nous avions bien essayé de faire venir Viviane Forrester, mais ces exigences (50000 FF et ceci pour dénoncer le capitalisme!) étaient bien trop grandes pour notre bourse.

Nous sommes sans doute réactionnaires mais absolument pas fascistes comme le soutiennent les Komanches (ah ces amalgames horribles chez le Fn mais tellement pratiques à l'extrême gauche).

Par ailleurs le royalisme ne saurait être classé à l'extrême droite, puisque réfutant les notions de droite et de gauche, issues de la révolution française.

Nous conseillons aussi aux Komanches, de prendre des cours d'orthographe et de grammaire, afin de ne pas confondre, entre autres, le verbe voir et l'adverbe voire. Nous conseillons aussi à un de leurs membres d'assister au moins une fois, à une conférence organisée par le centre Lesdiguières, (seul et sans arme, pas de blague) mais c'est payant, il est vrai. On ne peut pas juger de ce que propose un magasin quand on s'est arrêté à la vitrine. La conférence sur le féminisme dénoncée sur Indymedia, s'était avérée passionnante et avait défendu les femmes contre le mercantilisme actuel.

Bref tout est faux ou approximatif, mais c'est normal puisque ce jugement émane de personnes qui ne sont jamais venues à une de nos conférences et se refusent à nous rencontrer.

Centre Lesdiguières.

 

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26/02/2012

Nous avons sauvé les gens plutôt que les banques

L'ancien ministre de l'Economie argentin, Roberto Lavagna, a sorti son pays de la crise en 2002, en se passant des services du FMI. Il préconise la même solution pour la Grèce.

Recueilli par GÉRARD THOMAS, à Buenos Aires  

L'ancien ministre de l'Economie argentin Roberto Lavagna, 69 ans, est le principal artisan du redressement de l'Argentine engluée dans une terrible crise économique il y a dix ans. Lorsqu'il prend ses fonctions, en avril 2002, le peso vient d'être dévalué de 70%, le pays est en cessation de paiement, la dette privée s'élève à plus de 72 milliards d'euros, l'inflation annuelle flirte avec les 125% par an, le chômage explose, les petits épargnants sont ruinés et les troubles sociaux ont déjà fait plus de 30 morts dans le pays. Cet ancien ambassadeur auprès de l'Union européenne décide immédiatement de se passer de « l'aide » du Fonds monétaire international (FMI) et des marchés financiers. Quelques pistes à suivre pour la Grèce.

 

Quelles sont les grandes similitudes entre la crise argentine de 2001-2002 et la crise grecque ?

Au plan économique, tout est semblable. L'Argentine avait établi une parité fixe entre le peso et le dollar, la Grèce est ficelée à l'euro, perdant ainsi le contrôle de sa monnaie. Un taux de change fixe associant des pays à forte productivité et d'autres dont la compétitivité est beaucoup plus faible ne peut qu'engendrer une crise. La Grèce est déjà dans sa quatrième année de récession, l'Argentine l'était également. Le déficit fiscal, le déficit des comptes courants, la chute vertigineuse du PIB, l'endettement, l'explosion du chômage... toutes les grandes données macro-économiques sont similaires. En revanche, la situation sociale de la Grèce est bien meilleure que celle de l'Argentine à l'époque. Au plan institutionnel, l'Argentine était par ailleurs un pays isolé alors que la Grèce fait partie de l'ensemble économique le plus puissant du monde.

Comment avez-vous tiré l'Argentine du chaos ?

Dès mon entrée en fonction, en avril 2002, j'ai décidé de changer radicalement notre manière de penser la sortie de crise.. Le mois suivant, j'étais à Washington pour rencontrer les dirigeants du Fonds monétaire international et leur expliquer que nos rapports allaient s'en ressentir. Depuis le début du marasme économique, en 1998, nous avions déjà eu deux programmes du Fonds pour un total de 51 milliards d'euros. Les deux ont été des échecs retentissants et certaines voix s'élevaient pour demander une troisième tournée de quelque 17 milliards supplémentaires.

Je n'ai pas voulu suivre cette voie et j'ai expliqué au Fonds que nous ne voulions plus de prêt et que nous sortirions seuls de la crise. La seule chose que j'ai demandé était un roll over partiel de toutes les échéances. Je me suis également engagé à payer les intérêts de la dette et une partie du capital. Mais pas tout et pas tout de suite. Cette position était tout simplement impensable pour le FMI car nous affichions notre volonté de fixer nous même notre propre politique économique. J'ai du leur expliquer trois fois de suite ma position avant qu'ils finissent par comprendre. A partir de là nous avons arrêté de soutenir financièrement les banques alors que le FMI nous l'imposait, exigeant même que nous privatisions la Banque de la Nation. Mais comme nous étions sorti du jeu, le Fonds n'avait plus de moyen de pression sur l'Argentine!

Vous avez donc oeuvré contre le FMI et vos principaux créanciers ?

Le sorties de crise se font en dehors des chemins tracés par le FMI. Cette institution propose toujours le même type de contrat d'ajustement fiscal qui consiste à diminuer l'argent qu'on donne aux gens - les salaires, les pensions, les aides publiques, mais également les grands travaux publics qui génèrent de l'emploi - pour consacrer l'argent économisé à payer les créanciers. C'est absurde. Après 4 ans de crise on ne peut pas continuer à prélever l'argent aux mêmes. Or c'est exactement ce qu'on veut imposer à la Grèce! Tout diminuer pour donner aux banques. Le FMI s'est transformé en une institution chargée de protéger les seuls intérêts financiers. Quand on est dans une situation désespérée, comme l'était l'Argentine en 2001, il faut savoir changer la donne.

Selon vous les plans d'austérité et de rigueur ne sont pas nécessaires mais c'est pourtant ce qu'on impose à la Grèce...

A tort car l'argent prêté risque de ne jamais être remboursé et le déficit fiscal grec est plus élevé aujourd'hui qu'avant la première injection d'argent frais. Ce sont les mêmes éternelles erreurs. C'est le secteur financier qui impose sa manière de voir les choses au monde entier. On préfère sauver les banques plutôt que les gens qui ont des crédits immobiliers à rembourser. La première chose qu'on a faite nous, c'est de rallonger les échéances pour les propriétaires endettés. Les fonctionnaires du FMI nous ont alors dit que nous violions les règles essentielles du capitalisme! Ils oubliaient simplement que des gens ruinés ne consomment plus, ce qui obère une relance par la croissance.
Au lieu de payer les banques, la Grèce devrait investir dans l'éducation, les sciences et la technologie, financer des infrastructures et récupérer ainsi une certaine productivité, ne serait-ce que dans les secteurs des services ou du tourisme.

Vous devez avoir beaucoup d'ennemis chez les banquiers...

Ils me détestent! Ce qui ne les a pas empêchés de frapper à notre porte pour nous prêter de l'argent 48 heures exactement après que nous avons terminé la restructuration de notre dette en 2005! Or j'ai refusé ces offres intéressées en leur répondant que nous ne reviendrons pas sur le marché financier avant 2014 car nous n'en avons plus besoin. Pourquoi 2014, simplement parce qu'a cette époque la dette sera seulement de 30% du PIB, la moitié des critères européens de Maastricht! Je pense qu'un pays comme l'Argentine ne doit pas être tout le temps présent sur le marché financier. C'est un risque beaucoup trop grand d'augmenter à nouveau la dette. Le problème c'est que ce sont les banquiers eux-mêmes qui estiment qu'il est positif pour l'image d'un pays d'emprunter à l'international. Il est clair que si je vendais des tomates, je trouverai très bien qu'on en mange! Eux ils vendent de l'argent.

Source libération

23:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

15/08/2010

La CIA finance la construction européenne

 

De 1949 à  1959, en pleine guerre froide, les Américains, par l'intermédiaire de leurs services secrets et du Comité pour l'Europe unie, versent l'équivalent de 50 millions de dollars actuels à  tous les mouvements pro-européens, parmi lesquels ceux du Britannique Winston Churchill ou du Français Henri Frenay. Leur but, contenir la poussée soviétique...

A 82 ans, Henri Frenay, le pionnier de la Résistance intérieure, fondateur du mouvement Combat, arbore une forme intellectuelle éblouissante malgré sa surdité de l'oreille droite et sa récente opération de l'estomac. Pourtant, il n'a plus que trois mois à  vivre. En ces jours de mai 1988, il me parle de l'Europe dans son appartement de Boulogne-sur-Seine. De cette Europe fédérale dont il a révé en vain entre 1948-1954. De la dette aussi que, en cas de succès, le Vieux Continent aurait contracté envers les Américains, ceux notamment du " Comité ". Et d'insister une fois, deux fois, dix fois, tandis que moi, je m'interroge : pourquoi diable ce mystérieux " Comité " revient-il à  une telle fréquence dans nos conversations ? Pourquoi ? Mais parce que Frenay me confie, avec il est vrai d'infinies précautions de langage, son ultime secret : l'aide financière occulte de la CIA via l'American Committee for United Europe - le Comité - à  l'Union européenne des fédéralistes dont il a été le président. Pour reconstituer cette filière inédite, il me faudra une quinzaine d'années. Un jeu qui en valait la chandelle puisqu'il me permet d'ouvrir, pour les lecteurs d' Historia, la porte d'un des compartiments les plus secrets de la guerre froide...

Tout commence à  l'automne 1948. Déjà  coupée en deux, l'Europe vit sous la menace d'une invasion totale par l'armée rouge. Au " coup de Prague " en février, vient de succéder en juin le blocus de Berlin. Un petit cénacle de personnalités de l'ombre jette alors les bases de l'American Committee for United Europe, l'ACUE - son existence sera officialisée le 5 janvier 1949 à  la maison de la Fondation Woodrow-Wilson de New York. Politiques, juristes, banquiers, syndicalistes vont se méler au sein de son conseil de direction. De hautes figures gouvernementales aussi comme Robert Paterson, le secrétaire à  la Guerre ; James Webb, le directeur du budget ; Paul Hoffman, le chef de l'administration du plan Marshall ; ou Lucius Clay, le " proconsul " de la zone d'occupation américaine en Allemagne.

Bien tranquilles, ces Américains-là  ? Non, car la véritable ossature de l'ACUE est constituée d'hommes des services secrets. Prenez son président, William Donovan. Né en 1883 à  Buffalo, cet avocat irlando-américain au physique de bouledogue, surnommé " Wild Bill " par ses amis, connaît bien l'Europe. En 1915, il y remplissait déjà  une mission humanitaire pour le compte de la Fondation Rockefeller. Deux ans plus tard, Donovan retrouvait le Vieux Continent pour y faire, cette fois, une Grande Guerre magnifique. Redevenu civil, " Wild Bill " va se muer en missus dominicus du gouvernement américain. Ses pas d'émissaire officieux le portent vers l'Europe pour des rencontres parfois imprévues. En janvier 1923, alors qu'ils goà»tent un repos bien mérité, sa femme Ruth et lui devront ainsi subir une soirée entière les vociférations d'un autre habitué de la pension Moritz de Berchtesgaden. Dix-sept ans plus tard, l'agité, un certain Adolf Hitler, s'est rendu maître de la partie continentale de l'Europe, et c'est " Wild Bill " que Franklin Roosevelt, inquiet, dépéche à  Londres s'enquérir auprès de Winston Churchill du potentiel britannique face à  l'avancée nazie.

En juin 1942, Donovan, homme de confiance du président démocrate pour les affaires spéciales, crée l'Office of Strategic Services (OSS), le service secret américain du temps de la Seconde Guerre mondiale dont il devient le chef et qu'il quittera à  sa dissolution, en septembre 1945, sans perdre le contact avec l'univers du renseignement : " Wild Bill " tisse des liens privilégiés avec la Central Intelligence Agency, la CIA, créée officiellement le 15 septembre 1947 par une loi sur la sécurité nationale signée par le successeur de Roosevelt, Harry Truman.

Prenez le vice-président de l'ACUE Walter Bedell Smith, ancien chef d'état-major d'Eisenhower pendant la Seconde Guerre mondiale puis ambassadeur des Etats-Unis à  Moscou. A partir d'octobre 1950, celui que ses amis surnomment le " Scarabée " ( beetleen anglais) va prendre les commandes de la CIA. 1950, c'est justement l'année o๠des universitaires comme Frederick Burkhardt et surtout William Langer, historien à  Harvard, lancent la section culturelle de l'ACUE. Ces deux proches de Donovan ont servi autrefois dans les rangs de l'OSS. Langer en a dirigé le service Recherche et Analyse et, excellent connaisseur de la politique française, a méme commis après-guerre un ouvrage savant qui s'efforçait de dédouaner Le Jeu américain à  Vichy (Plon, 1948).

Prenez surtout Allen Dulles. A l'été 1948, c'est lui qui a " inventé " le Comité avec Duncan Sandys, le gendre de Churchill, et George Franklin, un diplomate américain. Principal associé du cabinet de juristes Sullivan & Cromwell, Dulles n'impressionne guère de prime abord avec ses fines lunettes, ses éternelles pipes de bruyère et ses vestes en tweed. Sauf qu'avec ce quinquagénaire, un maître espion entre dans la danse.

Retour à  la case Seconde Guerre mondiale. Chef de l'OSS à  Berne, Dulles noue en février 1943 des contacts avec la délégation de Combat en Suisse. Un temps, il assurera méme le financement du mouvement clandestin. " Coup de poignard dans le dos du général de Gaulle ", s'insurge Jean Moulin au nom de la France libre. " Survie de la Résistance intérieure menacée d'étranglement financier ", rétorque Frenay. Pensant d'abord à  ses camarades dénués de moyens, aux maquisards en danger, il ne voit pas pourquoi Combat devrait se priver d'un argent allié versé, c'est convenu, sans contrepartie politique. Cette " affaire suisse " va empoisonner un peu plus encore ses rapports avec Moulin.

En 1946, Dulles démissionne des services secrets... pour en devenir aussitôt l'éminence grise, prenant une part prépondérante à  la rédaction du texte de loi présidentiel sur la sécurité nationale. Cofondateur à  ce titre de la CIA (pour les initiés : l'Agence ou mieux, la Compagnie), Dulles pense qu'en matière d'action clandestine, privé et public doivent conjuguer leurs forces. C'est lui qui a déjà  inspiré, par l'intermédiaire de ses amis du Brook Club de New York, le versement des subsides de grosses sociétés américaines à  la démocratie chrétienne italienne menacée par un parti communiste surpuissant. En 1950, il va reprendre officiellement du service comme bras droit du Scarabée d'abord, comme son successeur à  la téte de la CIA ensuite - de février 1953 à  septembre 1961. Record de longévité d'autant plus impressionnant que son frère aîné John Forster Dulles, restera, lui, ministre des Affaires étrangères de 1953 à  sa mort de maladie en mai 1959.

Etonnant creuset que l'ACUE, o๠des personnalités de la haute société et/ou de la CIA côtoient les dirigeants de la puissante centrale syndicale American Federation of Labor, l'AFL, dont ils partagent l'aversion du communisme. Exemples : David Dubinsky, né en 1892 à  Brest-Litovsk, en Russie, dirige le Syndicat international de la confection pour dames (ILGWU) : 45 000 adhérents à  son arrivée en 1932, 200 000 à  la fin des années 1940 ! Ennemi acharné des nazis hier (les syndicalistes proches de l'ACUE sont presque tous juifs), c'est aux commies , les " cocos ", qu'il en veut dorénavant. Jay Lovestone aussi. Conseiller politique de l'AFL, ce Lituanien d'origine sait de quoi il parle : avant sa brutale exclusion puis sa lente rupture avec le marxisme, il fut, entre 1925 et 1929, le secrétaire général du PC américain ! Autre recrue de choix du Comité, Arthur Goldberg, le meilleur juriste de l'AFL. Futur secrétaire au Travail du président Kennedy puis juge à  la Cour supréme, Goldberg, né en 1908, a dirigé l'aile syndicale de l'OSS. A ce titre, il fut en son temps le supérieur hiérarchique d'Irving Brown, son cadet de deux ans. Brown, représentant de l'AFL pour l'Europe et grand dispensateur de dollars aux syndicalistes modérés du Vieux Continent. Puisant dans les fonds secrets de la toute jeune CIA, laquelle finance depuis 1946 toutes les opérations anticommunistes de l'AFL, ce dur à  cuire ne ménage pas, par exemple, son soutien à  Force ouvrière, la centrale syndicale née fin 1947 de la scission de la CGT (lire " Derrière Force ouvrière, Brown, l'ami américain " dans Historia n° 621 de décembre 1997). Pure et dure, la ligne Brown contraste d'ailleurs avec celle, plus nuancée, de la CIA. A la Compagnie, on aurait préféré que les non-communistes restent dans le giron de la CGT, méme contrôlée par le PCF...

C'est qu'au-delà  des hommes, il y a la stratégie d'ensemble. Face à  l'Union soviétique, Washington développe deux concepts clés : le containment (l'endiguement) et plan Marshall. L'idée du containment , revient à  un diplomate russophone, George Kennan, qui la développe dès juillet 1947 dans un article de la revue Foreign Affairs : " L'élément majeur de la politique des Etats-Unis en direction de l'Union soviétique doit étre celui d'un endiguement à  long terme, patient mais ferme, des tendances expansionnistes russes. "

Le plan Marshall, lui, porte la marque de son inventeur le général George Marshall, chef d'état-major de l'US Army pendant la guerre, et désormais ministre des Affaires étrangères du président Truman. En apportant une aide massive aux pays d'Europe ruinés, les Etats-Unis doivent, selon lui, faire coup double : un, couper l'herbe sous le pied des partis communistes par une hausse rapide du niveau de vie dans les pays concernés ; deux, empécher leur propre industrie de sombrer dans la dépression en lui ouvrant de nouveaux marchés.

Pour le tandem Marshall-Kennan, pas de meilleur outil que la CIA (lire l'interview d'Alexis Debat, page 51). Et c'est naturellement un autre ancien de l'OSS, Franck Wisner Jr, qu'on charge de mettre sur pied un département autonome spécialisé dans la guerre psychologique, intellectuelle et idéologique, l'Office of Policy Coordination ! Si ce bon vieux " Wiz " ne fait pas partie du Comité, ses hommes vont lui fournir toute la logistique nécessaire. Mais chut ! c'est top secret...

L'ACUE allie sans complexe une certaine forme de messianisme américain avec le souci de la défense bien comprise des intéréts des Etats-Unis. Messianique, cette volonté bien ancrée de mettre le Vieux Continent à  l'école du Nouveau Monde. Phare de la liberté menacée, l'Amérique a trouvé, la première, la voie d'une fédération d'Etats, succès si resplendissant que l'Europe n'a plus qu'à  l'imiter... Cet européanisme made in Washington comporte sa part de sincérité : " Ils m'appellent le père du renseignement centralisé, mais je préférerais qu'on se souvienne de moi à  cause de ma contribution à  l'unification de l'Europe ", soupire ainsi Donovan en octobre 1952.

De sa part de calcul aussi. Car en décembre 1956, trois mois avant sa mort, le méme Donovan présentera l'Europe unie comme " un rempart contre les menées agressives du monde communiste ". En d'autres termes, un atout supplémentaire de la stratégie américaine conçue par Marshall, Kennan et leurs successeurs : construire l'Europe, c'est remplir un vide continental qui ne profite qu'à  Staline, donc, en dernier ressort, protéger les Etats-Unis.

Ajoutons une troisième dimension. Dans l'esprit des hommes de la Compagnie, rien de plus noble qu'une action clandestine au service de la liberté. Tout officier de la CIA le sait : les Etats-Unis sont nés pour une bonne part du soutien des agents de Louis XVI, Beaumarchais en téte, aux insurgés nord-américains. Ainsi l'opération American Committee, la plus importante, et de loin menée, par l'Agence en Europe pendant la guerre froide, se trouve-t-elle justifiée par l'Histoire.

Pour chaleureuse qu'elle soit, l'amitié franco-américaine ne saurait toutefois distendre le " lien spécial " entre Grande-Bretagne et Etats-Unis. En foi de quoi, Comité et Compagnie tournent d'abord leur regard vers Londres. Hélas ! Churchill, battu aux législatives de 1945, ronge ses griffes dans l'opposition. Le nouveau secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, Ernest Bevin, a bien proclamé le 2 janvier 1948 aux Communes : " Les nations libres d'Europe doivent maintenant se réunir. " N'empéche que ses collègues du cabinet travailliste et lui repoussent avec horreur la perspective d'une véritable intégration continentale. Non pas que Bevin craigne de s'affronter aux communistes : deux jours après son discours de janvier, il créait un organisme clandestin de guerre idéologique, l'Information Research Department. Ce méme IRD qui, jugeant La Ferme des animaux et1984 plus efficaces que mille brochures de propagande, va contribuer à  diffuser partout dans le monde les oeuvres de George Orwell. Mais la carte Europe unie, alors là , non !

Cette carte, Churchill la joue-t-il de son côté par conviction profonde ou par aversion pour ses rivaux politiques de gauche ? Le fait est que le 19 septembre 1946 à  Zurich, le Vieux Lion appelle à  un axe anglo-franco-allemand, élément majeur selon lui d'une " espèce d'Etats unis d'Europe ". Qu'en mai 1948, Duncan Sandys, taille aux mesures de son homme d'Etat de beau-père le Congrès européaniste de La Haye. Qu'en octobre 1948, Churchill crée l'United European Movement - le Mouvement européen. Qu'il en devient président d'honneur aux côtés de deux démocrates-chrétiens, l'Italien Alcide De Gasperi et l'Allemand Konrad Adenauer, et de deux socialistes, le Français Léon Blum et le Belge Paul-Henri Spaak. Malheureusement pour les " amis américains ", cette tendance " unioniste " ne propose, à  l'exception notable de Spaak, que des objectifs européens limités. Reconstruction économique et politique sur une base démocratique, d'accord, mais sans transfert, méme partiel, de souveraineté.

Le Comité et la tendance " fédéraliste ", dont Henri Frenay émerge comme la figure emblématique, veulent, eux, aller beaucoup plus loin. Aux heures les plus noires de la Seconde Guerre mondiale, Frenay, patriote mondialiste, a conçu l'idée d'un Vieux Continent unifié sur une base supranationale. En novembre 1942, révélera quarante ans plus tard Robert Belot dans le remarquable travail sur Frenay qui vient de lui valoir l'habilitation à  diriger des recherches à  l'Université, le chef de Combat écrivait au général de Gaulle qu'il faudrait dépasser l'idée d'Etat-Nation, se réconcilier avec l'Allemagne après-guerre et construire une Europe fédérale. Logique avec lui-méme, Frenay se jette dès 1946 dans cette croisade européaniste aux côtés d'Alexandre Marc. Né Lipiansky à  Odessa en 1904, ce théoricien du fédéralisme a croisé la trajectoire de Frenay à  Lyon en 1941, puis après-guerre. A rebours de l'européanisme de droite inspiré des thèses monarchistes maurrassiennes ou du catholicisme social, les deux amis s'efforcent de gauchir le fédéralisme français alors fort de " plusieurs dizaines de milliers d'adhérents ", ainsi que me l'assurera l'ancien chef de Combat en 1988.

Orientée à  gauche, l'Union européenne des fédéralistes, l'UEF, est créée fin 1946. Elle va tenir son propre congrès à  Rome en septembre 1948. Frenay en devient le président du bureau exécutif, flanqué de l'ex-communiste italien Altiero Spinelli, prisonnier de Mussolini entre 1927 et 1937 puis assigné à  résidence, et de l'Autrichien Eugen Kogon, victime, lui, du système concentrationnaire nazi qu'il décortiquera dans L'Etat SS (Le Seuil, rééd. 1993). A ces trois dirigeants d'atténuer le profond malaise né de la participation de nombreux membres de l'UEF au congrès de La Haye, o๠Churchill et son gendre Sandys les ont littéralement roulés dans leur farine " unioniste ".

Faut-il choisir entre le Vieux Lion et le pionnier de la Résistance intérieure française à  l'internationalisme si radical ? Perplexité au Comité, donc à  la CIA. Pour Churchill, sa stature d'homme d'Etat, d'allié de la guerre, sa préférence affichée pour le " grand large ", les Etats-Unis ; contre, son refus acharné du modèle fédéraliste si cher aux européanistes américains et bientôt, ses violentes querelles avec le très atlantiste Spaak. En mars 1949, Churchill rencontre Donovan à  Washington. En juin, il lui écrit pour solliciter le versement de fonds d'urgence (très riche à  titre personnel, l'ancien Premier ministre britannique n'entend pas puiser dans sa propre bourse). Quelques jours plus tard, Sandys appuie par courrier la demande de son beau-père : de l'argent, vite, sinon le Mouvement européen de Churchill s'effondre. Comité et CIA, la principale bailleuse de fonds, débloquent alors une première tranche équivalant à  un peu moins de 2 millions de nos euros. Elle permettra de " préparer " les premières réunions du Conseil de l'Europe de Strasbourg, qui associe une assemblée consultative sans pouvoir réel à  un comité des ministres statuant, lui, à  l'unanimité.

Pour soutenir leurs partenaires du Vieux Continent, ACUE et CIA montent dès lors des circuits financiers complexes. Les dollars de l'oncle Sam - l'équivalent de 5 millions d'euros entre 1949 et 1951, le méme montant annuel par la suite - proviennent pour l'essentiel de fonds alloués spécialement à  la CIA par le Département d'Etat. Ils seront d'abord répartis sous le manteau par les chefs du Mouvement européen : Churchill, son gendre, le secrétaire général Joseph Retinger, et le trésorier Edward Beddington-Behrens. En octobre 1951, le retour de Churchill à  Downing Street, résidence des premiers ministres anglais, ne tarira pas ce flot : entre 1949 et 1953, la CIA va en effet verser aux unionistes l'équivalent de plus de 15 millions d'euros, à  charge pour eux d'en redistribuer une partie à  leurs rivaux de la Fédération, la tendance de droite du fédéralisme français, laquelle reverse ensuite sa quote-part à  l'UEF. Sommes substantielles mais sans commune mesure avec la manne que l'appareil stalinien international, le Kominform, investit au méme moment dans le financement souterrain des PC nationaux et des innombrables " fronts de masse " : Fédération syndicale mondiale de Prague, Mouvement de la paix, mouvements de jeunes, d'étudiants, de femmes...

Pour Frenay, c'est clair : l'Europe fédérale constitue désormais le seul bouclier efficace contre l'expansionnisme communiste. Mais comment aller de l'avant quand le nerf de la guerre manque si cruellement ? L'UEF n'est pas riche. Son président encore moins, dont la probité est reconnue de tous - après son passage au ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés, Frenay, ancien officier de carrière sans fortune personnelle, a quitté l'armée au titre de la loi Diethelm de dégagement des cadres. Comme au temps de " l'affaire suisse ", le salut financier viendra-t-il de l'allié américain ? Oui, assurent dès l'été 1950 les hommes de l'ACUE à  un représentant français de l'UEF en visite à  New York. Conforme à  la position officielle du gouvernement américain en faveur de l'intégration européenne, leur aide ne sera soumise à  aucune contrepartie politique ou autre, conditionsine qua non aux yeux d'Henri Frenay. Et de fait, à  partir de novembre 1950, l'ACUE va financer secrètement à  hauteur de 600 000 euros l'une des initiatives majeures de Frenay et des fédéralistes de gauche : la création à  Strasbourg, en parallèle du très officiel Conseil de l'Europe, d'un Congrès des peuples européens, aussi appelé Comité européen de vigilance.

S'associeront à  ce projet des socialistes (Edouard Depreux), des religieux (le père Chaillet, fondateur de Témoignage chrétien ), des syndicalistes, des militants du secteur coopératif, des représentants du patronat et méme... des gaullistes tels Michel Debré ou Jacques Chaban-Delmas. Mal conçue médiatiquement, l'affaire échoue de peu. Raison de plus pour accentuer le soutien financier, oeuvre du secrétaire général de l'ACUE, Thomas Braden. Connu pour ses opinions libérales, cet ami du peintre Jackson Pollock, n'a pas hésité quand Donovan, son ancien patron à  l'OSS, lui a demandé de quitter la direction du musée d'Art moderne de New York.

En juillet 1951, Frenay effectue à  son tour le voyage des Etats-Unis sous les auspices du Congrès pour la liberté de la culture - une organisation que nous retrouverons bientôt. L'occasion de rencontrer les dirigeants du Comité et ceux de la Fondation Ford (mais pas ceux de la CIA avec lesquels il n'entretiendra jamais de rapports directs) pour leur faire part des besoins matériels des fédéralistes. Message reçu " 5 sur 5 " par les Américains...

A cette date, Braden ne figure plus parmi les dirigeants officiels de l'ACUE. En vertu du principe des vases communicants, l'agent secret esthète vient en effet de rejoindre Dulles à  la CIA. Les deux hommes partagent cette idée de bon sens : face aux communistes, ce ne sont pas les milieux conservateurs qu'il faut convaincre, mais la gauche antistalinienne européenne, dont Frenay constitue un des meilleurs représentants. Braden va plus loin : " Comme l'adversaire rassemblé au sein du Kominform, structurons-nous au plan mondial par grands secteurs d'activité : intellectuels, jeunes, syndicalistes réformistes, gauche modérée... ", plaide-t-il. D'accord, répond Dulles. Naît ainsi la Division des organisations internationales de la CIA. Dirigée par Braden, cette direction centralise, entre autres, l'aide de la Compagnie via l'ACUE aux fédéralistes européens. En 1952, l'American Committee for United Europe finance ainsi l'éphémère Comité d'initiative pour l'assemblée constituante européenne, dont Spaak sera président et Frenay, le secrétaire général.

Brouillés avec la " Fédération ", leur rivale de droite qui servait jusque-là  d'intermédiaire pour le versement des fonds CIA-ACUE par le truchement du mouvement churchillien, les amis de Frenay sont très vite au bord de l'asphyxie. Pour parer à  l'urgence, Braden, virtuose du financement souterrain au travers de fondations privées plus ou moins bidon, va, cette fois, mettre en place une procédure de versements directs aux fédéralistes de gauche par des antennes para-gouvernementales américaines. A Paris, plaque tournante des opérations de la CIA en Europe avec Francfort, on opérera par le biais de l'Office of Special Representative, conçu à  l'origine pour servir d'interface avec la toute jeune Communauté européenne du charbon et de l'acier (Ceca), ou de l'US Information Service (USIS). Par la suite, un bureau ACUE proprement dit sera ouvert.

Comme Jean Monnet, président de la Ceca, Frenay caresse, en cette année 1952, l'idée d'une armée européenne, pas décisif vers l'Europe politique selon lui. L'ACUE approuve chaudement. Prévue par le traité de Londres de mars 1952, cette Communauté européenne de défense comprendrait - c'est le point le plus épineux -, des contingents allemands. Reste à  faire ratifier le traité par les parlements nationaux. Frenay s'engage avec enthousiasme dans ce nouveau combat. Pour se heurter, une fois encore, à  de Gaulle, qui refuse la CED au nom de la souveraineté nationale et, déjà , du projet ultrasecret de force atomique française, ainsi qu'aux communistes, hostiles par principe à  tout ce qui contrarie Moscou. D'après les éléments recueillis par Robert Belot - dont la biographie du chef de Combat devrait sortir ce printemps au Seuil -, Frenay demandera méme à  l'ACUE de financer l'édition d'une brochure réfutant... les thèses gaullistes sur la CED.

Staline meurt en mars 1953. L'année suivante, Cord Meyer Jr, un proche de la famille Kennedy, remplace Braden à  la téte de la Division des organisations internationales de la CIA. Mais 1954 verra surtout cet échec cuisant des européanistes : l'enterrement définitif de la CED. Découragé, Frenay abandonne alors la présidence de l'Union européenne des fédéralistes. A partir d'octobre 1955, les " amis américains " reportent donc leurs espoirs sur un nouveau venu, le Comité d'action pour les Etats-Unis d'Europe de Jean Monnet. Lié à  Donovan et surtout à  l'ambassadeur américain à  Paris, David Bruce, un proche de Franck Wisner, Monnet est trop fin connaisseur du monde anglo-saxon pour accepter directement les dollars de la CIA. Compte tenu de sa prudence de Sioux, l'aide américaine à  son courant européaniste devra emprunter d'autres voies. En 1956, Monnet se voit ainsi proposer l'équivalent de 150 000 euros par la Fondation Ford. Une offre qu'il décline, préférant que cet argent soit versé au professeur Henri Rieben, un économiste et universitaire suisse pro-européen qui vient d'étre nommé chargé de mission aux Hautes Etudes commerciales de Lausanne. Rieben utilisera ces fonds en toute transparence financière pour créer un Centre de recherches européen.

En 1958, le retour du général de Gaulle, radicalement hostile aux thèses fédéralistes, annihile les derniers espoirs de l'UEF et de ses amis américains. Dissolution de l'ACUE dès mai 1960 puis cessation des financements occultes par la CIA s'ensuivent. En douze ans, la Compagnie aura quand méme versé aux européanistes de toutes tendances l'équivalent de 50 millions d'euros sans étre jamais prise la main dans le sac ! Mais pourra-t-on préserver longtemps le grand secret ?

La première alerte éclate dès 1962. Trop précise sur les financements américains, une thèse universitaire sur les mouvements européanistes doit étre " enterrée " d'urgence en Angleterre. Ce remarquable travail est l'oeuvre du fils d'un camarade de résistance de Frenay, Georges Rebattet, créateur en avril 1943 du Service national maquis. Georges Rebattet, le successeur en 1952 de Joseph Retinger comme secrétaire général d'un Mouvement européen dont il a d'ailleurs assaini pour une bonne part le financement.

Deuxième secousse au milieu des années 1960. L'étau de la presse américaine (le New York Times et la revue gauchiste Ramparts ) se resserre sur une des filiales du " trust " Braden-Meyer, le Congrès pour la liberté de la culture o๠se côtoyaient des intellectuels antitotalitaires européens de haute volée - Denis de Rougemont, Manhès Sperber, Franz Borkenau, Ignazio Silone, Arthur Koestler ou, par éclipses, Malraux et Raymond Aron. Financé par la CIA au travers de la Fondation Fairfield, le Congrès édite en français l'une de ses revues les plus prestigieuses, Preuves . Jouant la transparence, Braden jette alors son pavé dans la mare. " Je suis fier que la CIA soit immorale ", déclare-t-il en 1967 au journal britannique Saturday Evening Post , auquel il confie des révélations sensationnelles sur le financement occulte par la CIA du Congrès pour la liberté et sur le rôle d'Irving Brown dans les milieux syndicaux. Silence radio, en revanche, sur le soutien aux mouvements européanistes, le secret des secrets...

Ultime rebondissement à  partir de juin 1970, quand le conservateur anglais pro-européen Edward Heath arrive à  Downing Street. A sa demande, l'Information Research Department lance une vaste campagne pour populariser sous le manteau l'européanisme dans les médias et les milieux politiques britanniques. En 1973, l'Angleterre fait son entrée dans le Marché commun ; le 5 juin 1975, 67,2 % des électeurs britanniques ratifient la décision par référendum. Dans ce renversement de tendance en faveur de l'Europe, un homme s'est jeté à  corps perdu : nul autre que le chef de la station de la CIA de Londres, Cord Meyer Jr. Ce bon vieux Cord qui remplaçait vingt ans plus tôt son copain Braden à  la téte de la Division des organisations internationales de la Compagnie.

 

Rémi Kauffer

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08/05/2010

le rôle néfaste de la FED

 

La FED, la soi-disant banque centrale US, en fait une banque privée contrôlée par 12 actionnaires privés,  l'a fait savoir au monde entier urbi et orbi: aucune spéculation, aussi idiote soit-elle, ne perdra son soutien tant qu'elle contribueraà limiter la population en persécutant les familles et conservera au moins neuf zéros avant la virgule des décimales. Douze zéros c'est encore mieux.Plus le trou financier et le mal fait aux familles sont grands, mieux c'est...

 

Leur but, moins de monde plus facilement contrôlable avec des lois de plus en plus stupides, du style de Monsanto qui brevette les cochons ou les plantes et qui ruine les paysans pour faire monter les prix de la nourriture en faisant croire qu'ils veulent le bien de l'humanité......

 

Les plus de mille milliards de $ en défaut sont créés du néant, ex nihilo pour les spécialistes, comme 99.999 % de toutes les sommes actuellement en circulation (SIC). Il y a là le danger inflationniste dénoncé par Irving Fisher qui dénonçait déjà en 1933 le fait que l'émission monétaire appartienne à une multitude d'agents privés irresponsables.

 

Ces profiteurs de la crédulité infinie des citoyens bernés n' ont aucune raison de régler le volume de la monnaie en circulation vu qu'ils gagnent toujours plus en profitant de ces symboles sans limites, au prix de vies humaines.

 

Leurs salaires et primes exorbitants sont indécents et iniques, c'est le prix du sang des désespérés, suicidés, malades chroniques, pollués, alcooliques, drogués, terroristes, révolutionnaires, psychiatrisés, fous, prisonniers, délinquants, morts de faim ou de malbouffe....Les banquiers et financiers ont abusé de ce pouvoir, devenu sans aucune limite légale comme par exemple au Canada.Le système bancaire actuel cause la pauvreté en face de l'abondance en endettant tous les pays et personnes. Les prêts à intérêts ne sont pour la plupart que de simples écritures tirées du néant, c'est à dire de la fausse monnaie, selon Maurice Allais, Prix Nobel d'économie en 1988 dans « La crise mondiale aujourd'hui »

(Ed. Clément Juglar 1999).

C'est, comme l'a écrit plus tard, Maurice Allais, Nobel 1988, un jeu de faux-monnayeur. Il est, soulignait-il « aujourd'hui, pour le moins paradoxal de constater que, « lors que pendant des siècles l'Ancien Régime avait préservé jalousement le droit de l'État de battre monnaie et le privilège exclusif d'en garder le bénéfice la République démocratique a abandonné pour une grande part ce droit et ce privilège à des intérêts privés » (M. Allais. L'impôt sur le capital et la réforme monétaire,

Hermann 1976).

Nous disons donc qu'il y a une malhonnêteté évidente à demander un intérêt sur l'usage d'un bien (la monnaie) que l'on ne possède que par des symboles virtuels créés du néant et en profitant de la crédulité du public et du silence des intellectuels, politiques et religieux grassement payés pour se taire et ne rien comprendre.

En rendant à l'État, ou à sa Banque centrale, l'exclusivité de la création monétaire, la monnaie est émise par un seul intervenant et n'a pas à être émise contre un intérêt.

Dans une économie créditrice, cette monnaie de crédit, qui se substitue au crédit bancaire ex nihilo, est rendu social car

a) il est distribué à tous sous forme de dividendes,

b) il vient compenser des ajustement sociaux (mécanisme de l'escompte compensé),

c) il finance des investissements collectifs de développement durable.

 

C'est un crédit social.

Il ne faut donc pas confondre et traiter de la même façon le prêt d'une monnaie qui n'existe pas (le crédit bancaire ex nihilo, la grande majorité des "capitaux" qui ne deviennent capitaux que plus tard, par le travail d'hommes et de plus en plus de machines robotisées) et le prêt d'une monnaie épargnée.

Dans le premier cas, c'est un système qu'il convient de dénoncer et de rectifier, vu les robots de plus en plus nombreux qui prennent les places des hommes. Il faudra bien trouver le moyen de distribuer ces dividendes du progrès technique et des robots.

Dans le deuxième cas, nous avons affaire à des particuliers, l'épargnant et l'emprunteur. Il n'est pas sain que l'un gagne sur l'autre, car dans une bonne coopération, les deux doivent normalement également gagner.

Les distinctions subtiles entre usure et intérêt résultent de la pression de certains groupes au XVe siècle, mais pour Saint Ambroise, « demander un intérêt, c'est tuer un homme ». Even dénonce à juste titre l'intérêt et lui oppose le dividende (voir en 3.5).

A ce titre, des banques d'inspiration catholique (NEF, BFCC) ont créé des comptes épargne éthique qui permettent aux épargnants de partager les intérêts avec les emprunteurs et de choisir les domaines d'investissement de leur épargne (logement, emploi, agriculture bio, etc). Mais tout ceci reste marginal.

En revanche, l'économie créditrice accorde à tous un crédit sans intérêt dédié à la consommation et à l'investissement, circonscrit au circuit économique, et par conséquent sans fuite, thésaurisation et spéculation possibles et qui tient compte des robots toujours plus nombreux à notre disposition.

C'est un outil de libération des chaînes de la servitude financière pour un avenir meilleur, à notre portée dès demain si on le veut bien.

inspiré de C.H. Douglas, Alain Pilote, Jeanpier Dutrieux et Louis Even

François de Siebenthal

 

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