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28/02/2008

Sarkozy, ou la fulgurante déception

 Après l'état de grâce, vient aujourd'hui l'ère de la défiance des Français à l'égard du président. Au mois cette situation a-t-elle l'avantage de mieux nous préparer aux prochaines élections !

La chute brutale de popularité de Nicolas Sarkozy est d'une gravité extrême car ses causes n'ont rien à voir avec celles qu'ont pu expliquer celle de ses prédécesseurs ! Il ne s'agit pas seulement d'une déception vis-à-vis de la politique menée mais d'une interrogation profonde et justifiée sur la capacité de Nicolas Sarkozy à assumer la charge de Président de la République, et à incarner une « certaine idée » de la France.
Nos compatriotes ont élu Nicolas Sarkozy car ils ont été séduits par son énergie, son volontarisme politique et son programme de rupture avec la pensée unique. Ils doutent aujourd'hui pour trois raisons.

Une fonction sans incarnation
Tout d'abord, pouvaient-ils imaginer que, pour la première fois sous la Vème République, l'heureux élu ne ferait pas, une fois intronisé, sa mue présidentielle ? Tous les Présidents ont su, en effet, se hisser dès leur entrée en fonction à la hauteur de leur suprême mission et faire preuve, quels que fussent leurs faiblesses ou leurs défauts par ailleurs, de dignité, de mesure, en un mot, d'une sorte de « sagesse présidentielle ».
Loin d'être métamorphosé par la fonction, Nicolas Sarkozy a au contraire voulu plier les institutions de la Vème à son égo. Il n'a pas compris que loin d'incarner la rupture, il se privait alors des moyens de la mettre en œuvre. Ce qui a pu un moment séduire les magazines people est vite devenu insupportable aux Français qui, en fait d'un chef de l'Etat, se sont réveillés avec une star de la politique spectacle.
Augmentation inconvenante de son salaire, vacances au frais de milliardaires, étalage de sa vie privée, absence de maîtrise de soi, il n'y a vraiment que le petit milieu parisien blasé de tout qui pouvait tolérer ce comportement. Heureusement la France ne se résume pas à Neuilly !

La politique des « coups »
Mais la déception des Français puise ses racines plus loin encore. Nicolas Sarkozy a du talent, il est habile, cela ne fait aucun doute. Pour autant, le Président de la République n'est pas là pour tenir en haleine le pays avec des « coups » politico-médiatiques sans lendemain, à la manière d'un avocat brillant sachant emporter « affaires » sur « affaires ». Le Président de la République est là pour mener dans la durée une action cohérente, suivie, globale, au service de l'intérêt de la France et des Français.
L'esbroufe impressionne sur le moment. Mais, portée aux nues sur le coup, elle se révèle bien souvent contre-productive dès le lendemain. Ainsi, au sommet de Bruxelles de juin dernier, Nicolas Sarkozy a été applaudi par des médias unanimes, pour avoir soi-disant « sauvé l'Europe ». Pourtant, en ce début d'année, nos compatriotes ont fini par découvrir le pot aux roses. Le traité de Lisbonne n'est que le retour de la Constitution européenne qui aggrave les dérives de l'UE, à des années-lumière du « mini-traité » promis. Quant à la ratification parlementaire, elle apparaît au grand jour pour ce qu'elle est : un déni de démocratie pur et simple.
De même le paquet fiscal fut populaire en juillet car il semblait répondre à l'aspiration légitime de nos concitoyens à l'accès à la propriété, mais impopulaire dès septembre car totalement inefficace pour stimuler le pouvoir d'achat. Un jour le rapport Attali, le lendemain la capitulation face aux taxis. Un jour les caisses sont vides, le lendemain 200 euros de plus pour le minimum vieillesse – en parfaite contradiction avec l'annonce faite quelques heures avant par le Premier ministre !
L'activisme s'est transformé en agitation, pour ne pas dire en hyperactivité…

Un modèle loin des aspirations des citoyens
Enfin, à la déception des Français s'ajoute l'inquiétude sur le modèle qui semble inspirer Nicolas Sarkozy et qui avait été soigneusement dissimulé sous des discours de campagne inspirés par Henri Guaino.
En effet, derrière les coups de menton contre Bruxelles et l'OMC, derrière les déclarations martiales voire menaçantes, se dessine un projet politique totalement décalé par rapport aux aspirations profondes des Français. La remise en cause de la laïcité comme la dérive euro-atlantiste en politique étrangère, avec l'engagement accru en Afghanistan (au mépris des déclarations de veille de second tour présidentiel) et la création d'une base à Abou Dhabi, éloignent un peu plus les Français du Président.

Le cumul de ces comportements, de ces déceptions, de ces contradictions, explique sans aucun doute la colère grandissante des Français. La gauche étant incapable d'offrir la moindre alternative sérieuse, l'UMP ayant étouffé les gaullistes et les républicains, le Centre se débattant dans ses guerres picrocholines, il va de soi que notre pays est au devant de grands périls.
Plus que jamais il nous revient de préparer une alternative politique. Dignité dans l'exercice de la fonction présidentielle. Respect de la République, du peuple et des institutions, continuité et cohérence dans l'action, nouvelle voie économique et sociale, reconstruction inévitable de l'Europe.
Les défis de l'après Sarkozy sont déjà là !

 


Par Nicolas Dupont-Aignan

16:09 Publié dans Amis | Lien permanent | Commentaires (1)

18/02/2008

Kosovo : la trahison de l'Europe

Et si l’indépendance unilatérale du Kossovo sonnait le glas de l’Europe ? Il n’est évidemment pas question de rabâcher ici toutes les considérations de bon sens relatives à une indépendance profondément déstabilisatrice en premier lieu dans les Balkans, région encore meurtrie par des guerres et dont les plaies sont loin d’être refermées ; ensuite dans une conjoncture internationale en surtension chronique depuis Septembre 2001.

Ayons à l’esprit, sans aller très loin, déjà en Europe, l’affaire des missiles d’interception américains qui doivent être mis en batterie en Pologne avec leur radar d’acquisition, en Tchéquie. Cela au grand dam de Moscou qui estime – sans doute à bon droit – que ce dispositif de guerre des étoiles n’est pas dirigé contre d’hypothétiques missiles balistiques iraniens, mais bien contre la Fédération de Russie elle-même !

Dans un tel contexte, était-il une nouvelle fois nécessaire de donner un grand coup de canif dans le contrat de bonnes mœurs passé entre les Nations en remettant en cause le droit international et le principe d’intangibilité des frontières* ?

Faut-il, encore aujourd’hui, insister sur le fait que la guerre de 1999 a été lancée contre la Yougoslavie en violation de ce Droit international auquel s’est référé le 27 mars 2003, pour l’honneur de la communauté internationale, le Premier ministre français, M. Villepin, en refusant de prendre part à la guerre d’agression qui allait être engagée contre l’Irak ?

Par ailleurs, on comprend bien pourquoi l’Espagne qui n’en finit pas de gérer le terrorisme basque, s’est opposée à l’indépendance du Kossovo, séparation qui augure mal de l’avenir des États nationaux, tous plus ou moins menacés à terme de landérisation. À commencer par le royaume belge maintenant devenu presque une fiction politique… Pour ce qui est de la France, elle joue avec le feu, inutile d’insister.

Quant aux tenants de l’indépendance - Royaume-Uni, Allemagne, Italie, France - ils viennent d’abattre leurs cartes et nous donnent à voir, dans sa nudité, leur désir d’Europe atlantique, autrement dit leur soumission au projet d’Union européenne tel que conçu et planifié à Washington.

Qui n’a vu en effet que dans Pristina en liesse, la Bannière étoilée fut aujourd’hui tout autant omniprésente que l’aigle noir bicéphale sur fond de gueule (rouge) ? Qui ne perçoit, au-delà des symboles, que le triomphe albanophone au Kossovo est aussi et surtout celui de la politique nord-américaine avançant ses pions afin d’encercler (endiguement) l’espace rival russe en créant à l’Est une nouvelle Europe essentiellement clientéliste ? Que cette indépendance est, au moins à court terme, l’œuvre du Département d’État et du Pentagone** dont les politiques se sont pourtant révélées êtres profondément et durablement déstabilisatrices des équilibres internationaux… Du Proche-Orient à l’Asie centrale, les exemples ne manquent pas où la politique dite du chaos constructif se développe en toute impunité sur des champs de ruines et accessoirement de pavots (la production de 2007 en Afghanistan aura été de 8200 t contre 180 en 2001 sous le régime Taleb - source NU).

De ce point de vue, il est consternant que les alliés ou les affidés européens de Washington - France, Allemagne, Italie, Angleterre - aient conspiré à la destruction de l’Europe, car la Serbie qui souhaitait rejoindre l’Union, va, en toute logique, lui tourner le dos pour se rapprocher de Moscou.

Ainsi, en hypothéquant à l’Est la construction européenne, en installant une fracture potentiellement contagieuse dans les Balkans où les minorités pourront tirer prétexte du précédent de l’indépendance kossovare comme la Transnistrie moldave ou les albanophones de Macédoine (pour ne pas parler de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie qui viennent ce même 17 février de candidater à l’indépendance !), l’Europe aura été, une fois de plus, trahie.

Trahie le 13 décembre par le passage en force du Traité de Lisbonne, sans consultation référendaire des Peuples. Un texte qui n’instaure en aucun cas cette Europe politique qu’espéraient les européistes sincères, ceux qui mettaient tous leurs espoirs dans une Union supranationale constituant un espace de puissance pouvant faire pièce aux appétits américains et aux empires émergents, notamment en Asie.

Ceux-là se retrouvent floués par une construction européenne qui n’aboutira au mieux qu’à un espace marchand, en fait à une zone de libre-échange euratlantique. L’Europe n’est finalement qu’un abus de langage…L’Europe a été un mythe utile à duper les foules et nécessaire à la création d’un vaste ensemble économique, financier et marchand destiné à absorber progressivement tous les États voisins, y compris euro-méditerranéens, placés sous la bannière du Pacte de l’Atlantique Nord. Ce sont - n’est-ce pas ? - des troupes européennes qui sous couvert de l’Otan, mais sous commandement américain, combattent en Afghanistan ? N’est-ce pas assez clair ainsi ?

Au final, l’indépendance du Kossovo ne constitue qu’une preuve supplémentaire, de ce que l’Europe n’est pas le but réel de l’Union en construction. Non, le mot «Europe » n’est qu’un leurre destiné justement à masquer sa disparition, sa dissolution et sa satellisation à la périphérie orientale de l’Amérique Monde. Nous n’aurons pas l’Europe, en revanche nous avançons vers cette fusion occidentaliste que l’ancien Premier Ministre Édouard Balladur appelle ardemment de ses vœux***.

Alors, laissons-là nos dernières illusions. Au-delà de la fièvre du dimanche soir, derrière les débordements et les délires populaires de Pristina, osons percevoir les premiers frémissements de la nouvelle Guerre froide qui s’annonce avec en toile de fond la scène d’une fête sans lendemain…

Post-scriptum.
Quoique la « société multiraciale » ait été à l’ordre du jour de cette déclaration d’indépendance, celle-ci n’est a priori ni la victoire de la tolérance ni de la raison : «l’acte de naissance du nouvel État sont les bombes de l’Otan » comme l’a rappelé le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica ce 17 février, auxquelles sont venues s’ajouter la rage des vainqueurs comme en témoignent les ruines de centaines d’églises et de monastères, les villages brûlés et leurs habitants chassés. Si la guerre fût entreprise pour mettre fin à de regrettables actions qualifiées pour les besoins de la cause «épuration ethnique »** aujourd’hui l’histoire, écrite par les seuls vainqueurs, se couvre de l’ombre du mensonge. Un mensonge passé dans l’épaisseur du trait médiatique, car s’il sortait de la sphère restreinte des historiens et des politologues pour atteindre le domaine public, il mettrait à bas le mythe d’une Europe de la paix.

Opérons à ce propos un arrêt sur image illustrant formidablement le pouvoir de sidération des médias sur l’opinion : la formule magique « La plus grande réussite de la construction européenne, c’est la paix» inlassablement répété pour nous vendre le Traité (dit simplifié) de Lisbonne, passe sans vergogne par pertes et profits sept grandes années de guerres sanglantes, 1992-99.. De quoi rester pantois et méditatifs quant à la matrice médiatique au sein de laquelle nous baignons dans le liquide amniotique du mensonge et de la manipulation mentale. Rien d’excessif dans ce constat si l’on y réfléchit bien…

Jean-Michel Vernochet 17 février 2008

Dernier ouvrage : « Manifeste pour une Europe des peuples ». Éd. du Rouvre. Paris 2007

Notes :
* C’est la transgression de ce principe par la Slovénie puis la Croatie en 1992, avec le soutien de l’Allemagne, qui enclencha sept années de guerres balkaniques pour le démantèlement de la Fédération yougoslave, dislocation qui s’achève ce 17 février 2008 avec l’indépendance du Kossovo.

** La base stratégique la plus importante en Europe, et vraisemblablement hors des États-Unis, se trouve au Kossovo. Le «Camp Bondsteel» se trouve au sud de la province près d'Urosevac, entre Pristina et Skopje en Macédoine. Il participe d’un vaste dispositif de bases implantées en Europe orientale de la Bosnie à l’Albanie via la Croatie. Le camp, une ville de 25 000 âmes, comporte quelque 160 bâtiments d’habitation, de nombreux édifices administratifs, deux «foyers», un «Burger King», des installations sportives et de loisirs, deux églises et un hôpital.

*** Juste après la cessation des combats du printemps 1999, M. Kouchner emporté par ses habituels élans lyriques avançait le chiffre de 100 000 victimes ; quelques semaines après, en août, les enquêteurs des Nations Unies, parvenaient péniblement à 2000 morts toutes ethnies confondues ; en septembre 2004, Amnesty International avançait le chiffre de 3272, nombre arrondi à 4000 (!) au cours des dernières années par les experts médico-légaux du TPY. À ce jour, le chiffre virtuel médiatiquement retenu pour sa valeur symbolique, s’élève cependant toujours à 10 000. Pour ce qui est de l’épuration ethnique, la seule identifiable est au final celle des serbes dont 200 000 d’entre eux durent fuir la province ; on se souvient des meurtrières émeutes anti-serbes de mars 2004.

**** Édouard Balladur « Pour une Union occidentale entre l’Europe et les É-U». Fayard. 2007.

Source: http://www.lunivers.info/

20:19 Publié dans Amis | Lien permanent | Commentaires (3)

12/02/2008

La faiblesse de la construction européenne.

Une grosse daube se constitue à Bruxelles dont la puanteur nous étouffe déjà, rien à voir avec l'Empire romain, ni même avec l'Empire américain.
Une espèce de marché à ciel ouvert ou chaque parasite de la planète viendra se servir avant que l'ensemble ne s'écroule et que les territoires occupés par des peuples acculturés et/ou exogènes ne soient pris par les plus forts. Probablement un partage à trois: une avance à l'Est de la Russie qui reconstituera ses marches (ce n'est pas le plus grave), une partie par les USA qui n'entendent à aucun prix perdre pied en Europe occidentale et une partie du Sud par les peuples du Maghreb qui s'imaginent toujours que c'est mieux ailleurs alors qu'ils vivent dans un Eden potentiel.
Et les lobbies extérieurs sont diablement actifs à Bruxelles, ce qui pour quelqu'un qui a une culture basée sur l'Etat nation semble très étrange. Y-a-t-il des lobbies européens au Sénat américain? ou au je ne sais quoi chinois? J'en doute.
Or l'Europe c'est tout l'inverse de l'idée de puissance: on délègue la production aux quatre coins du monde et on s'en remet pour notre défense à un parrain qui n'a aucun intérêt à ce que nous devenions une puissance.
Donc l'Europe n'est pas une puissance économique, au mieux une puissance marchande et encore on pourrait en discuter, pas une puissance militaire et pas du tout une puissance démographique. Tout cela avec des masses amorphes qui vont se sentir de moins en moins concernées par l'avenir du "machin".

Paul-Emic

00:05 Publié dans Amis | Lien permanent | Commentaires (0)

11/02/2008

La constitution : ils s'en foutent comme de l'an 40!

Une bonne note de mr Zorglub.

L'expression "s'en foutre comme de l'an quarante" ne vient pas de la deuxième guerre mondiale, pourtant l'an de disgrâce 1940 l'illustre très bien.

Voyant la défaite arriver et ne voulant pas assumer leurs responsabilités, ne voulant pas élire un gouvernement qui signerait la reddition, les députés se sont démis de leur souveraineté et l'ont remise toute entière au général Pétain.

Or le fait est que la chambre avait reçu sa souveraineté du peuple et ne pouvait en aucun cas s'en démettre pour la donner à quelqu'un d'autre. C'est pourtant ce que les députés ont fait en 40 et c'est ce qu'ils font aujourd'hui.

C'est ce qui a permis, plus tard, à De Gaulle de déclarer que le gouvernement de Vichy était illégitime et de refuser toute part de responsabilité à la France dans les exactions commises par "l'Etat Français"

Sous l'ancien régime, le Roy recevait sa souveraineté de Dieu et ne pouvait en aucun cas abandonner sa charge. Il mourrait Roy.

De même pour le Pape : si malade fut-il, il ne pouvait "démissionner".

Sous le régime actuel la souveraineté est confié par le peuple au Président de la République et au Parlement. S'ils veulent démissionner, il le peuvent, mais il ne peuvent pas passer à une tierce partie leur légitimité.

Le principe est simple, il est pourtant primordial et fondamental!

Mais là on fait encore plus fort qu'en 40! On trahit la nation en offrant la souveraineté du peuple de France à Bruxelles et on trahit une seconde fois en allant contre la volonté populaire qui ne voulait pas de la constitution européenne.

Se basant sur la jurisprudence gaullienne, on peut donc dire que maintenant le pouvoir est illégal et illégitime.

Ah! Nos élus, la souveraineté, la constitution il s'en fiche comme de l'an 40 et on l'aura notre Europe métastasique et avec la Turquie en supplément gratuit.

Petite note : En fait si 40 a une certaine note biblique : âge canonique (si!), pluie de 40 jours pour le déluge et 40 ans d'errance dans le désert du Sinai, ce serait une déformation du mot "Alcoran" - le Coran.

Xyzorglub

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09/02/2008

L'Europe mérite la vérité.

Le prince Jean, duc de Vendôme, prend position sur le traité de Lisbonne.

Plutôt que d'envoyer des vœux abstraits, le prince Jean vient de publier un texte prenant fermement position sur le traité européen de Lisbonne, démontrant une fois de plus qu'il est un prince français, soucieux de l'avenir du peuple français.
Texte publié sur le site de l'association GENS DE FRANCE

Tribune du Prince

Par Jean d’Orléans, Duc de Vendôme


L’Europe qui nous est proposée correspond-elle aux vœux des Français et des peuples européens ? Répond-elle, dans son projet, aux aspirations d’une jeunesse en quête de sens ? J’ai beaucoup voyagé, depuis dix ans, en France comme en Europe. Pas comme un homme politique qui brigue un mandat, mais comme un citoyen attentif à la vie de ses compatriotes et soucieux du destin de la France et de ce continent. J’ai pris le temps d’écouter et je sais – parce que nous en avons parlé ensemble – que beaucoup de Français ne comprennent pas où l’on veut les conduire. Cette incompréhension crée de l’inquiétude dans le pays et du désarroi dans la jeunesse. La France ne s’ennuie pas, elle s’inquiète.

Les Français ont tenté de le dire, quand on le leur a permis. En 2005, ils ont refusé, par référendum, le traité constitutionnel qui leur était soumis. Cette fois, ils ne pourront pas se prononcer sur un texte qui reprend pourtant l’essentiel des dispositions qu’ils avaient rejetées. Le traité de Lisbonne prévoit la désignation d’un président de l’Union européenne et celle d’un vice-président chargé des Affaires étrangères. Il étend les compétences de l’Union dans de nombreux domaines, au détriment de celles des États. Il assure la prééminence du droit européen sur les droits des pays. Il confirme l’extension de la règle de la majorité qualifiée. On nous présente un projet politique qui se résume à de l’ingénierie administrative. Même si les références à l’hymne et au drapeau européens ont été gommées dans cette nouvelle version, et bien que le mot n’y figure plus, il s’agit pourtant d’une Constitution, qui s’appliquera au peuple français sans qu’on l’ait consulté – comme souvent, s’agissant de l’Europe. Mais comment rendre espoir aux Français si l’on se défie d’eux ? Comment rendre à la France son rang dans le monde si l’on contraint sa souveraineté par un traité tatillon ? Comment rendre confiance aux jeunes Européens si l’on bâtit une Europe sans âme, dans le mépris de son patrimoine spirituel ?

J’ai 42 ans. J’en avais 13 quand Jean-Paul II est devenu pape. J’appartiens à la génération de ces jeunes qui ont vécu au rythme de ce pape des temps modernes. Nous l’avons vu précipiter la chute de l’Union soviétique, par la force de ses paroles et de son action. Cet empire, que l’on croyait inébranlable, était construit sur une utopie. La bureaucratie qui le gouvernait méprisait les exigences humaines et spirituelles. Elle promettait aux hommes un bonheur matériel qui ne remplacera jamais leurs aspirations profondes. Elle les contraignait à l’adoration d’idoles, qu’ils ont déboulonnées dès qu’ils l’ont pu. L’Union soviétique était fondée sur un mensonge, au moins par omission des racines culturelles des peuples qu’elle a voulu soumettre à ses lois.

Parce que je suis attaché à l’Europe, comme la majorité des jeunes et des gens de ma génération, je souhaite qu’elle soit préservée de cette périlleuse présomption. L’Union ignore trop souvent la culture et les richesses des pays qu’elle veut rassembler. Bien qu’elle ne soit responsable devant personne, la Cour de justice impose aux États sa jurisprudence. Le droit européen consacre le pouvoir d’une technocratie qui veut régler la vie des peuples dans ses moindres détails. Or, le pape actuel, Benoît XVI, l’a rappelé l’an dernier avec force : « On ne peut pas penser construire une vraie maison commune en négligeant l’identité propre des peuples de notre continent ». Et cette identité est « constituée de valeurs que le christianisme a aidé à forger ».

Cette évidence historique n’a pas convaincu les rédacteurs de la charte des droits fondamentaux, annexée au traité. Nulle référence, dans ce texte, aux racines chrétiennes de notre Europe, bien que l’Union se dise « consciente de son patrimoine spirituel et moral » : la formule est assez vague pour autoriser toutes les interprétations. Il suffit, d’ailleurs, de la lire pour le comprendre : l’inspiration de cette charte est foncièrement individualiste. Elle dissout les solidarités et les communautés naturelles, comme le traité soumis au Parlement français dissout les nations européennes. Croit-on vraiment que ce soit ce que souhaitent les jeunes Européens ? Si nous voulons qu’elle résiste aux tempêtes, il nous faudra fonder l’Europe sur quelque chose de plus solide. Non sur l’utopie, mais sur la Vérité.

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