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01/11/2007

Tuerie à Grenoble

Au sujet de la tuerie d'hier survenue à Grenoble, un pet it rappel au sujet de la tuerie précédente s'avère nécessaire.


Le milieu maghrébin local est entré dans un cycle de vendetta à la façon des Italo-Grenoblois des années 1980. La PJ redoute l'escalade.


LE « TUYAU » vient tout juste de remonter via un indicateur : un proche de l'une des victimes du règlement de comptes qui a fait trois morts, le 24 février dernier, à Sassenage (Isère), dans la banlieue grenobloise, recrute actuellement pour laver l'honneur de son clan. Depuis quelques semaines, une folie meurtrière s'est emparée du milieu local de la drogue, avec déjà quatre morts et deux blessés graves. Les familles des trafiquants se murent dans le silence, craignant pour leurs enfants, les frères ruminent leur vengeance.


Et la PJ chargée de l'enquête s'attend à un nouveau bain de sang. Les voyous qui s'écharpent n'ont apparemment aucun lien avec la pègre italo-grenobloise des origines qui se disputait le contrôle de la prostitution et des jeux, recyclant le fruit de ses rackets dans des pizzerias et des bars du centre-ville. Ceux qui se battent aujourd'hui ne fréquentent pas, comme leurs grands aînés, la tribune officielle des stades. Ils n'épousent pas leurs avocates, n'investissent pas dans l'immobilier. « Âgés de 20 ans pour la plupart, ils n'obéissent à aucune hiérarchie, aucun code, et ne connaissent aucune limite », s'in quiète un officier des stups. Il s'agit de petits caïds des cités grenobloises : celles des communes de Fontaine notamment et de La Villeneuve, bâties à la hâte à la grande époque des Jeux olympiques d'hiver de 1968.

Ces jeunes, d'origine maghrébine principalement, sont soupçonnés d'animer le marché local du cannabis. Armés parfois de fusils d'assaut pour mener leurs raids, ils circulent ces temps-ci en ville protégés de gilet pare-balles, la peur au ventre, mais déterminés. L'un d'eux avait commencé sa carrière de tueur présumé à 19 ans.


Faux policiers et kalachnikovs

« La guerre peut durer aussi longtemps qu'il y aura des combattants », pronostique Daniel Chomette, le secrétaire départemental de l'Unsa-police (syndicat majoritaire). Ils seraient, selon ses collègues, au moins une dizaine capables d'appuyer sur la détente. « Un camp peut aussi demander aux beaux mecs de Corse ou de la Côte d'Azur d'intervenir, à moins que les parrains du Sud-Est ne s'autosaississent », lâche le major Chomette. En mai 2004 puis à l'été 2006, d'étranges visiteurs à l'accent corse armés de 11,43 avaient déjà fait parler la poudre à Grenoble. Étaient-ils venus asseoir leur in fluence sur le milieu local ou exécuter un contrat pour son compte ?

La police qualifie, en tout cas, le triple assassinat du 24 février à Sassenage de « travail de pro ». Ce jour-là, en réplique à une fusillade à la kalachnikov treize jours plus tôt à Fontaine, les tueurs n'ont pas hésité à se faire passer pour des policiers.

À bord d'une Citroën Xsara grise, un gyrophare sur le toit, ils ont d'abord percuté la R 21 de leurs victimes avant de les abattre un à un à la chevrotine. Les traces du choc sont encore visibles sur le poteau d'entrée du garage où la Renault s'est encastrée. Autour, quelques bouquets de roses laissés par les familles endeuillées. Medhi M'Ssalaoui, 22 ans, la cible principale de cette expédition, venait de sortir de prison, « blanchi » pour le meurtre d'un dealer commis en 2003. L'affaire serait le point de départ de cette guerre. « Ces gosses pourtant, on les a eus comme élèves il y a quelques années et ils n'étaient pas si terribles », se souvient-on au collège de Fontaine où M'Ssalaoui et ses frères étaient scolarisés. « Le problème, c'est la drogue », assurent les enseignants.

Dans ces quartiers en crise, le marché des stups suscite d'énormes appétits. Selon le sociologue grenoblois Sébastien Roché, « la consommation de cannabis a augmenté de 30 % en deux ans ». Il en faut aujourd'hui près de 10 tonnes par an pour alimenter la région, avec ses 300 000 habitants et ses 60 000 étudiants du campus universitaire. « Pour les trafiquants, le gâteau à se partager est de 40 000 euros par jour ! », constate, effaré, un commandant de police. Les saisies de cocaïne augmentent également. Parallèlement, le crime pur et dur progresse en Isère : vols avec armes à feux (+ 38 %) en 2006, menaces et chantages (+ 17 %), ports d'armes à feu prohibées (+ 50 %), séquestrations (+ 137 %).

« Tout cela peut paraître éloigné des frasques de la pègre d'antan, mais qui sait si la culture de vendetta des Italo-Grenoblois n'a pas influencé certains jeunes issus d'une autre immigration ? », se demande un commissaire de police. Depuis 1975, à Grenoble, 45 personnes ont trépassé dans la guerre du milieu, 13 ont été la cible de tentatives de meurtre et 6 ont disparu, « probablement dissoutes dans l'acide ou lestées au fond d'un lac », suppose un homme de la PJ. Aucune autre ville de province, en dehors de Marseille et de sa région, n'a connu une telle violence. Et la police s'active pour empêcher un nouveau carnage.

Cet article a été publié dans le Figaro mais je n'en ai plus la référence.

12:11 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

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