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02/07/2007

Euro fort, croissance faible

Le 7 décembre dernier, pour la sixième fois en moins d'un an, la Banque Centrale Européenne (BCE) a révisé à la hausse son principal taux d'intérêt directeur, le faisant passer de 2%, en janvier dernier à 3,5% en cette fin d'année 2006. Cette décision, qui en annonce d'autres, si l'on se fie aux déclarations de Jean-Claude Trichet, le président de cette institution Francfortoise, favorise l'ascension de l'euro par rapport aux autres monnaies avec lesquelles la France commerce. La pénalisation de notre tissu économique est donc triple. Premièrement, nos exportateurs vont éprouver de grandes difficultés pour conquérir de nouveaux marchés, l'euro, leur monnaie de production étant trop chère par rapport aux marchés extérieurs. Deuxièmement, les entreprises françaises en général vont supporter une plus forte pression des importateurs qui pourront commercialiser les produits étrangers à un prix plus faible du fait de la moindre valeur de leur devise. Troisièmement, l'ensemble des emprunteurs, ménages, entreprises ou administrations vont devoir rembourser davantages de frais financiers du fait de la hausse des taux d'intérêts directeurs (les taux variables sur les emprunts en cours sont déjà repartis à la hausse et les futurs emprunts seront plus chers).

Pourquoi la BCE a-t-elle pris une décision aussi négative pour notre croissance, alors que lorsque les taux d'intérêts étaient encore très bas, elle se portait particulièrement bien (la progression de notre PIB était jusqu'en juin dernier supérieur à la moyenne de la zone euro, depuis nous sommes pratiquement la lanterne rouge de cette zone qui n'est pourtant pas réputée pour son dynamisme compte tenu de ses nombreux handicaps dont les critères de la monnaie unique sont responsables) ? La principale explication provient du caractère européen de la décision de la BCE ! Pouvons nous attendre une autre décision d'une organisation qui a la vocation "d'avaler" tout le continent en commençant par la Slovénie le premier janvier prochain ? Lorsque madame Royal, ou monssieur Sarkosy dénoncent la force de l'euro ils cherchent simplement a créer un bouc-émissaire de leurs propres incapacités à résoudre les problèmes de la France lorsqu'ils se succèdent dans les différents gouvernements de la France depuis plus de trois décennies. Non seulement la Banque Centrale Européenne a pour ambition d'affirmer la présence d'un euro fort sur la scéne mondiale mais en plus elle raisonne à une échelle ... européenne ! N'en déplaise aux candidats qui pensent que les attaques contre l'institution des rives du Main suffiront à redresser notre situation économique, la véritable "rupture tranquille" pour "établir un ordre juste" sur le plan économique passera par un divorce de la France avec la zone euro!

La BCE a pour principal objectif de lutter contre l'inflation. Mais cette mission ne s'applique pas à l'économie française mais à l'ensemble de la zone, 12 pays aujourd'hui, 13 demain. En France, la hausse des prix depuis quelques mois est à peine de 1,8% en moyenne annuelle. C'est un niveau proche de la déflation. Si nous prenons en compte que les produits industriels (portables, téléviseurs, ordinateurs, GPS, etc. ...) sont en constantes mutations et que la valeur des innovations qu'ils contiennent devraient comprendre au moins 2 points d'augmentation des prix pour intégrer toutes ces capacités. Mais au niveau de l'ensemble de la zone, le choc pétrolier déclenché en 2003 par la guerre en Irak et la forte croissance qui touche certaines parties de l'euroland se traduit par des risques de reprise de l'inflation. Pour tuer, cette hydre qui sans cesse réaparaît, la BCE utilise la seule arme à sa disposition, l'augmentation des taux directeurs. Pour les économies en pleine croissance où les prix et les salaires augmentent, les conséquences sont négligeables, la hausse des rémunérations dépassant les surcoûts financiers dus à l'augmentation des taux directeurs. La France économique, handicapée par un système clientéliste qui encourrage la stratégie du court terme sera donc fréquement pénalisée. Son manque de croissance ne pourra pas se redresser, les taux d'intérêts élevés décidés par la BCE l'empéchant de se désendetter et d'investir pour rattraper ses partenaires européens.

Pour échapper à cette situation deux solutions peuvent être évoquées. Premièrement : espérer que la BCE change de politique ! En 1883, l'année de la mort de Karl Marx, John Maynard Keynes naquit, depuis les économistes considèrent que lorsque Marx est mort Keynes est né et avec lui une véritable alternative à la pensée marxiste qui dénonçait les dangers d'un libéralisme économique sans frein. Le 21 novembre 2006, Milton Friedman est décédé en Californie et le 10 décembre dernier le général Pinochet est mort à Santiago. Avec ces deux décés, les "deux papes du monétarisme" sont ajourd'hui avec Marx en enfer. Le monétarisme a servi à la rédaction du traité de Maastricht et à la définition des objectifs économiques assignés à la BCE : lutter contre l'inflation sans se préoccuper du chômage et de la croissance. La mort de ces dogmatiques de la lutte contre la hausse de prix devrait provoquer la naissance d'une nouvelle voie écnomique pour résoudre les difficultés que provoque aujourd'hui près de 40 ans d'application de cette forme de politique économique. Toute l'histoire de la pensée économique se carctérise en effet par cette alternance de doctrines qui s'épuisent après une cinquantaine d'année de domination.

En attendant cette révolution dans le monde des penseurs économiques, une autre solution plus radicale et surtout plus rapide est possible : que la France sorte de l'euro et retrouve le Franc, la monnaie fondée par Jean II le Bon en 1360 !

Henri Letigre

21:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

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